La circulation automobile au point mort Alger, les pieds dans l'eau Hier, les principaux axes routiers de la capitale ont été le théâtre d'importants embouteillages dus au refoulement des eaux par les bouches d'évacuation. Les fortes chutes de pluies qui se sont abattues durant la nuit de lundi à mardi et dans la journée d'hier ont provoqué de sérieuses perturbations dans la circulation routière sur les principaux axes de la capitale. Cette situation de blocage a duré toute la journée et a atteint même la rocade sud et Frais-Vallon, où les automobilistes qui croyaient éviter les embouteillages en empruntant un détour ont vécu un véritable calvaire. Aux premières heures de la matinée de lundi, le tronçon le plus touché est celui situé sur la route menant du Hamma (Belcourt) au centre d'Alger. Il est 9h. L'entrée de la capitale est impraticable. Au niveau de l'avenue de l'ALN, un énorme bouchon bloque la procession des véhicules. La raison ? Une énorme mare, dont le niveau dépasse largement les 50 cm dans certains endroits, entrave la circulation automobile. Les agents de la direction des travaux publics dépêchés sur place sont dépassés par les évènements. Ils n'arrivent pas à maîtriser la situation. Pour faire face à cette situation, ils privilégient la piste d'avaloirs bouchés, parce qu'ils ne sont pas régulièrement entretenus, comme il est généralement de coutume au niveau d'Alger. Mais cette fois-ci, ce n'est pas le cas. Sur les huit avaloirs qui existent au niveau de cette avenue, quatre refoulent avec force l'eau. La force des refoulements a même occasionné d'énormes trous au niveau de la périphérie de ces évacuateurs. Quant aux Algérois, ils sont excédés. “Je suis sortie de chez moi d'El-Harrach à huit heures, il est presque onze heures. C'est fou ! C'est un dilemme. D'un côté, on espère tous qu'il pleuve pour pallier le problème du manque d'eau et d'autre côté, ça cause d'énormes dégâts dès qu'il pleut”, s'écrie une passante. Les nombreux employés de la voirie, dépêchés sur les lieux, semblent eux aussi dépassés. “On ne peut rien faire, car à ce niveau-là, ça nous dépasse. Regardez l'énorme jet d'eau qui sort de cet avaloir. Ce sont les conduites souterraines qui sont sûrement bouchées. J'estime que c'est grave et ça va s'empirer”, nous déclare un agent de la direction des travaux publics. Ces agents mettent, d'ailleurs en cause la mauvaise gestion par leur tutelle des réseaux d'évacuation. Ils soulèvent le problème de la vétusté de ces canalisations qui datent de l'époque coloniale. Ils signalent également le manque de suivi et de contrôle par les APC de toutes les entreprises qui interviennent dans la réfection des rues et des trottoirs, lesquelles déversent sable, terre et autres détritus dans les regards, sans oublier les déchets ménagers. “Il faut que les citoyens sachent une fois pour toutes que le problème de ces inondations dépasse les employés de la voirie souvent accusés de ne pas nettoyer les regards et les avaloirs.” Il est midi et le niveau de l'eau n'a pas baissé. Des pompes sont transportées sur les lieux pour tenter de transférer l'excédent d'eau vers les avaloirs fonctionnels. “C'est la seule solution que nous avons pour le moment, en attendant de voir à quel niveau se situe le problème”, précise un chef d'équipe de la direction d'hydraulique de la wilaya d'Alger. À cette heure, même les agents de la protection civile sont dans l'incapacité d'avancer une explication fiable. “Je suppose que les conduites sont bouchées, mais pour le moment, je ne peux me prononcer d'une manière rationnelle”, nous déclare l'officier présent sur place. Les soupçons se sont portés entre-temps sur la société italienne GiGo qui s'occupe de la réalisation d'un grand bassin qui accueillera à travers deux grandes canalisations une partie des eaux de la ville. Un responsable de la direction de l'hydraulique de la wilaya, qui s'est déplacé sur place pour la circonstance, dément la rumeur. Nous apprenons que c'est l'un des trois collecteurs qui est bouché et que par conséquent, d'énormes quantités d'eaux sont refoulées vers la direction inverse. Il faut savoir que la plupart des canalisations de la capitale convergent vers cet endroit pour se déverser ensuite dans la mer. C'est la raison pour laquelle, selon ce responsable, la plupart des regards et avaloirs refoulent de l'eau au niveau de la capitale. À la question de savoir comment une telle chose a pu arriver, ce cadre avance l'hypothèse qu'une énorme quantité de sable et de terre, accumulée à la base de cette grande conduite, serait à l'origine du “refoulement”. Il appuie ses dires par les énormes quantités de terre qui se seraient déversées dans les canalisations après l'éboulement estimé à sept mètres qui s'est produit, l'année dernière, au niveau de l'hôpital Mustapha, suite aux travaux du métro dans cette zone. Il reste que les habitants de la capitale vont encore subir les méfaits engendrés par cette situation pendant plusieurs jours, car l'opération d'assainissement nécessite au moins 3 semaines, selon ce cadre. M. B.