Le dernier numéro de la revue Psychologie de l'Association pour l'aide, la recherche et le perfectionnement en psychologie (Sarp) ouvre le débat sur des questions touchant directement les cliniciens, notamment sur les “pratiques psychologiques”. Dans la présentation, la directrice de la revue, Chérifa Bouatta, prévient d'emblée que le numéro 18 porte sur “une série de préoccupations et discussions” menées au sein de l'association et avec des psychologues hors Sarp. Il s'agit du métier du psychologue clinicien, en particulier de son comportement face aux patients, du type d'outils dont il dispose “sur les plans théorique, technique et éthique” pour faire face à la souffrance psychique des enfants, des adolescents et des adultes, ou encore de son désarroi, voire son impuissance devant une demande de plus en plus importante. Et Mme Bouatta de noter que les observations des professionnels de la santé mentale, mais également les échos parvenus du travail sur le terrain montrent que certaines pratiques font appel à des théories et des techniques (inspiration psychanalytique, voie du cognitivisme ou du cognitivo-comportementalisme, techniques de relaxation, de counseling, etc.). Pourtant, soutient-elle, il arrive que des psychologues se replient sur des positions de “conseillers”, d'“auxiliaires enseignants” et même de “moralistes prêchant la bonne parole”, en se référant “au religieux et à la morale dominante ou en pratiquant carrément la rokia”. Selon elle, les difficultés rencontrées par des psys et “les dérives” qu'elles peuvent entraîner sont dues à l'absence de formation/perfectionnement et à celle d'un code de déontologie pour encadrer la profession. Pour Chérifa Bouatta, le travail d'un psychothérapeute “engage la santé mentale des personnes et la responsabilité du clinicien”. Or, une fois les études terminées, il est demandé au psychologue, d'assumer une fonction qui le dépasse, alors qu'“une licence en psychologie ne (lui) donne pas les compétences pour s'ériger en psychothérapeute”. En fait, la psychanalyse en tant que thérapie “n'a jamais pénétré en Algérie”. À cette situation vient se greffer le travail solitaire de la majorité des psychologues qui, d'après la directrice de Psychologie, “n'ont aucun moyen ni espace pour échanger, discuter de leurs pratiques, de leurs cas”. En plus clair, ces professionnels de la santé mentale n'ont pas la possibilité d'entamer “la réflexion” ni de prendre de “la distance nécessaire” dans leur relation avec le patient. La revue de la Sarp comporte, en plus des sept contributions répondant au thème réservé aux pratiques psychologiques, deux autres réflexions hors thème. L'une sur une “pratique inédite” dans l'évaluation du changement lors d'une psychothérapie et l'autre sur l'intérêt de “l'approche systémique dans le dépistage de la souffrance familiale”, dans un service des cancéreux.