Le pavillon national maritime comptait dans ses actifs propres pas moins de 82 navires de transport de marchandises et représentait une part de 35% pour le transport maritime. Aujourd'hui, le pavillon, qui est squelettique, ne possède que 14 navires dont 8 sont hors service (3 en réparation et... 5 sous séquestre) et n'a plus que 1,1% du tonnage des marchandises solides. Les chiffres sont éloquents et ne peuvent se passer de commentaires dont le premier est le suivant : Quand notre flotte a-t-elle été coulée alors qu'aucune guerre n'a été signalée ? Dans les années 80, la Cnan était classée parmi les 50 premières mondiales et sous-traitait pour de nombreux pays avec même une entreprise de réparation navale. Petit à petit, le géant de la Méditerranée a fait naufrage sans qu'il se rende compte, jusqu'à ce jour, que ceux qui ont pris sa place, les armateurs étrangers en l'occurrence, font subir un diktat aux opérateurs algériens dont une grande partie des matières ou marchandises vient par voie maritime. Au-delà des opérateurs, c'est tout le pays qui est pris à la gorge et qui risque à tout moment l'étranglement fatal du fait qu'il n'est plus maître de la sécurité des approvisionnements, élément fondamental d'indépendance. Comme il reste dépendant du taux de fret que décident les armateurs, évoluant en maîtres chanteurs parce que devenus incontournables. C'est là qu'il faut situer la responsabilité de l'Etat, que l'on connaît jaloux de ses prérogatives même celle de gérer un hôtel, dans cette dissipation d'une partie de la souveraineté nationale. Comment en est-on arrivé à ce stade de déliquescence d'une société aussi stratégique que Sonatrach ou Sonelgaz. Peu visible du grand public comme ces dernières, le dépeçage est passé inaperçu pour le simple citoyen mais pas pour ceux qui ont décidé de gérer pour nous les fruits de la rente pétrolière. Le procès Cnan, actuellement en instruction, servira-t-il à jeter dans l'arène des boucs émissaires et des fusibles pour cacher l'impéritie des politiques, ministres compris ? O. A. [email protected]