Depuis plusieurs jours, la ville d'Oran et ses environs sont marqués par une succession de démolitions de constructions illicites à grande échelle, provoquant des affrontements entre population et forces de l'ordre, avec des blessés à déplorer, et des arrestations. C'est presque toute la wilaya qui se retrouve plongée dans un climat tendu où les habitants évoquent sans cesse les images relatées des forces de l'ordre en rangs serrés ceinturant des zones et des quartiers et protégeant les engins entrant en action ainsi que le personnel communal chargé d'exécuter les décisions de démolition. D'ailleurs, ces dernières 48 heures, l'entame des démolitions, près de 200 déjà, a donné lieu à des scènes de violence, et des manifestations ont même éclaté, notamment à la ferme Khmisti près de Hay Bouâamama, à El-Hassi et surtout près du quartier d'El-Barki, une ancienne ferme se trouvant à proximité de l'hôtel Hayat Regency. Le boulevard périphérique reliant la cité Jamel à l'EHU a été bloqué par les habitants de ces bidonvilles en guise de protestation. Arbres et pneus enflammés barraient la route tandis que les forces de l'ordre donnaient l'assaut aux baraques érigées illégalement sur des terres agricoles ou des terrains vagues. Plusieurs blessés sont à déplorer suite à la résistance des habitants qui ne voulaient pas quitter les lieux et tentaient d'empêcher les bulldozers de foncer sur leurs habitations précaires. Plusieurs habitants de ces lieux ont déclaré n'avoir jamais été informés qu'une telle opération les ciblerait. Mardi, en intervenant, les forces de l'ordre ont également coupé le courant, alors que les habitants expliquent qu'ils avaient des compteurs dûment installés par Sonelgaz. Le même jour en début de soirée, les habitants tentaient dans le noir de récupérer quelques biens et affaires au milieu de la désolation. Le wali d'Oran avait annoncé ce vaste programme de démolition de constructions illicites au niveau de plusieurs secteurs urbains d'Oran, lui qui n'a cessé, depuis son arrivée, d'expliquer vouloir “nettoyer” Oran des bidonvilles, arguant que seule la force de la loi avait droit de cité. Les précautions prises pour le vote du 10 mai n'ont plus de raison d'être aujourd'hui, alors il a mis en marche son programme de démolition. Certains citoyens dénoncent le deux poids, deux mesures : “Pourquoi il ne démolit pas les villas construites dans la forêt de Canastel ! C'est toujours vers le pauvre qu'on se tourne pour appliquer la loi”, avons-nous entendu mardi soir. C'est alors qu'il présentait à l'hémicycle de la wilaya son projet de modernisation de la ville d'Oran pour 2025, avec à la clé 14 milliards d'euros, que les forces de l'ordre donnaient l'assaut aux constructions illicites. D. L