Les professionnels soulèvent de sérieux problèmes entravant leurs activités à l'export. La production nationale prévisionnelle de 510 000 tonnes, cette année, qualifiée d'exceptionnelle, cache mal les affres de la disparition de ce produit dans quelques contrées du Sud algérien. L'enveloppe financière dégagée de cette récolte “record”, estimée à 30,6 milliards de DA, soit 368,6 millions de dollars US, n'est malheureusement pas réinvestie dans une reconquête des marchés à l'étranger. Les chiffres avancés par le ministère de l'Agriculture sont, à ce propos, effarants. Pour l'année 2001, seules 7 850 tonnes de dattes ont pu être exportées. Ce qui n'équivaut, tenez-vous bien, qu'à 1,8% de la production globale, soit une valeur de 10,4 millions de dollars US. Le ministre de l'Agriculture, Dr Barkat, lancera tout de go à l'adresse des professionnels de cette filière: “Honte à nous ! C'est dramatique !”. Au cours d'une réunion tenue mercredi soir à Biskra, le ministre a déploré le fait que ce produit, traditionnellement exportable, perde aujourd'hui sa place sur le marché international. Les exportateurs potentiels ne se bousculent plus au portillon. Ils peuvent se compter sur les doigts d'une seule main dans chaque wilaya connue pour sa phœniciculture. Pis, seuls deux ou trois se manifestent à longueur de l'année ! Les nombreux problèmes qu'ils soulèvent se sont avérés légitimes, selon le ministre. Il s'est fait l'écho de leurs diverses doléances. À quoi est due l'aversion prise par ces opérateurs à l'égard de l'exportation ? L'insuffisance du soutien et des différentes aides apportées par les pouvoirs publics sort du lot des contraintes évoquées. Le représentant de l'Association des exportateurs de dattes (AED) n'y va pas de main morte pour clouer au pilori les gestionnaires de l'Entreprise du port d'Alger (EPAL) auxquels il reproche certains blocages. “Les espaces réservés aux produits périssables destinés à l'exportation n'existent plus au port d'Alger. L'accès de nos containers vers le quai devient de plus en plus difficile”, a-t-il constaté. Pire encore, c'est l'EPAL, estime-t-il, qui décide du niveau des exportations !!! En d'autres termes, voulait-il dire que l'autorité portuaire s'adjuge le droit de fixer le nombre de containers à admettre au quai ? L'institution douanière n'échappe pas au cinglant réquisitoire dressé par cet intervenant. “Un simple inspecteur des douanes est à même, à lui seul, de faire sa loi sans, toutefois, être sanctionné et encore moins inquiété”, a-t-il encore déclaré, en lançant devant l'assistance : “Aux douanes, c'est l'impunité totale”. D'aucuns qualifient l'intervention du membre de l'AED pertinente de par le fondement des contraintes soulevées. Il a cité la Tunisie comme exemple dans le domaine de l'exportation — ce qui, en soi, n'est pas inopportun car ce pays constitue un sérieux concurrent— Les dattes tunisiennes, selon lui, se trouvent sur les étagères de commerçants européens en l'espace de 48 heures. En Algérie, en revanche, ces deux jours sont consacrés à l'examen du dossier par les services des douanes ! La demande de financement des campagnes, exprimée par les producteurs est, certes, justifiée mais il leur a été demandé de sortir des sentiers battus. L'axe Alger-Marseille privilégié pour l'exportation de Deglet Nour, pour ne parler que de cette variété, doit être réorienté vers d'autres régions du monde. Le patrimoine phœnicole, pour peu qu'il soit pris en charge d'une manière scientifique, peut s'avérer un élément incontournable de la sécurité alimentaire à laquelle aspire l'Etat. La concrétisation de cet objectif passe, cependant, par une économie de marché bien négociée... Un changement radical, à commencer par les mentalités, est, de ce fait, irréversible. B. K. Une superficie globale de 122 600 hectares • Les frais de manutention et les taxes d'entreposage aux ports connaîtront, selon le ministère, une réduction de 50% chacun. • Le délai de franchise, qui était de 3 jours, sera désormais prolongé jusqu'à 10 jours. • La superficie globale des palmeraies est de 122 600 ha dont 44 000 ha en Deglet Nour. • Le nombre de palmiers est estimé à 14 millions, dont 5 pour Deglet Nour. • La superficie plantée a augmenté de 25% en moins en 3 ans. Elle est actuellement de 22 856 ha. B. K.