“L'Algérie a assez investi dans les infrastructures, il est temps à présent d'orienter l'effort d'investissement vers l'entreprise, seul lieu de création de richesses et d'emplois durables", avertissent plusieurs économistes et chefs d'entreprise qui s'inquiètent du recul de l'industrie dans l'économie. Le gouvernement entend-t-il privilégier l'offre après avoir longtemps misé sur la demande en investissant des milliards dans des programmes de construction d'infrastructures de base ? En tous cas, la situation alarmante du secteur industriel, qui a subi un recul très net ces dernières années, passant de 19% du PIB à moins de 5% du PIB, interpelle lourdement les décideurs économiques. Les mesures d'assainissement des entreprises publiques bancaires et industrielles, et plus récemment encore le rééchelonnement des dettes fiscales de 10 000 entreprises des secteurs public et privé indiquent que quelque chose est en train de changer dans l'approche de développement des pouvoirs publics. Mais cela ne fera que retarder l'échéance sans un assainissement en profondeur du climat des affaires, qui demeure encore très contraignant comme en témoigne le classement de l'Algérie dans le rapport Doing business de la Banque mondiale. L'Algérie est devenue un eldorado pour le commerce et un enfer pour les producteurs, comme l'a laissé entendre dernièrement le Premier ministre Ahmed Ouyahia lors d'une conférence de presse. Le gouvernement doit agir au plus vite pour inverser cette morbide équation qui hypothèque sérieusement l'avenir économique du pays. Débureaucratiser l'acte d'investir, faciliter l'accès des porteurs de projets aux financements bancaires et au foncier et tordre le cou au marché informel en le sommant de s'intégrer ou de disparaître sont des mesures à prendre en urgence. La suppression du Credoc et de la règle 51/49 pour les secteurs non stratégiques constitueraient des signes qui renseigneront sur la volonté d'écoute et de dialogue du prochain exécutif avec les chefs d'entreprise et la société civile en général. L. R.