Replacer la pensée de l'auteur de les Damnés de la Terre dans le contexte d'aujourd'hui et écouter ce qu'il a à nous dire. Comment la pensée de Frantz Fanon résonne-t-elle dans le monde d'aujourd'hui ? Nos obsessions contemporaines trouvent-elles écho dans l'œuvre fanonienne ? Ce sont-là quelques-unes des interrogations auxquelles tenteront de répondre les nombreux intellectuels et écrivains (en provenance d'Egypte, Inde, Iran, Pakistan, France, Guinée, Liban, Cameroun, Palestine, Tunisie, Mali, Irak, Togo, Madagascar) dans le cadre des Rencontres d'Alger “Esprit Frantz Fanon". Ces rencontres dédiées au penseur, psychiatre, essayiste et militant, né Martiniquais et mort Moudjahid en 1961, auront lieu du 1er au 10 juillet 2012, c'est-à-dire “en l'an 50 après l'indépendance algérienne". Organisées par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et les éditions Apic (sous l'égide du ministère de la Culture et à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance), “Esprit Frantz Fanon" s'articuleront autour d'un colloque, d'activités littéraires et de conférences-débats. Samia Zennadi, directrice des éditions Apic, a évoqué, au cours d'une conférence de presse organisée hier matin au siège de l'agence Algérie Presse Service (APS), le volet littéraire qui comprendra une résidence d'écrivains. En plus d'un recueil de textes qui sera publié, en décembre prochain aux éditions Apic, en prolongement à la résidence, le jour de l'ouverture du colloque, une revue rassemblant des témoignages et des extraits de communication, sera disponible. Elle a également annoncé la tenue de tables rondes qui auront lieu, du 6 au 9 juillet (17h - 18h30) à Dar Abdeltif. “Pour cette partie proprement littéraire, nous avons invité des écrivains d'œuvre traversée par la pensée de Fanon", indiquera-t-elle. Ces rencontres littéraires auront pour point de départ des extraits de l'œuvre de Frantz Fanon. Cette idée originale consiste à mettre en correspondance ou en écho les textes des auteurs participants (Tierno Monenembo, Eugène Ebodé, Jean-Luc Raharimanana, Smaïl Yabrir, Sami Tchak, Iskandar Habach, Alice Cherki, etc.) avec ceux de l'auteur de Peau noire, masques blancs. “L'unité de la pensée de Fanon" Du 1er au 10 juillet également, des conférences-débats seront organisées au niveau du siège de l'APS. Ces débats, placés sous l'exergue de Fanon, “Ouvrir l'horizon, porter la lumière chez soi, mettre debout soi-même et son peuple", seront inaugurés par Samir Amin. De son côté, Omar Lardjane, président du comité scientifique du colloque, qui se tiendra du 2 au 4 juillet au complexe culturel Laâdi-Flici (boulevard Frantz-Fanon), est revenu sur les axes de réflexion de ce rendez-vous scientifique. “Il y a eu ces dernières années de grands colloques consacrés à Fanon (Panaf' 2009, décembre 2011), et dans l'ensemble, ces colloques étaient axés sur l'œuvre selon le point de vue des conférenciers. Lorsque les universitaires s'intéressent à une œuvre, ils l'éclatent pour ne traiter que d'un point, et on perd un peu de ce qui est le cœur vivant de l'œuvre", a-t-il signalé. Pour le colloque “Esprit Frantz Fanon", il sera question de “l'unité de la pensée de Fanon". M. Lardjane relèvera également que l'actualité d'aujourd'hui “est ce qui donne de la force à la pensée de Fanon". Parmi les invités, Omar Lardjane a, entre autres, annoncé la présence de Ehsan Shariati (Iran), fils d'Ali Shariati qui a été le premier à traduire Frantz Fanon, vers le persan, Bernard Founou- Tchuigoua (Cameroun) qui a enseigné en Algérie dans les années 1960, ou encore Helmy Shaaraoui (Egypte), spécialiste des études africaines. Il soulignera la présence de beaucoup d'universitaires d'Inde, car “ils ont beaucoup réfléchi sur la question du postcolonial et de la nation avec les rapports de domination". En somme, les Rencontres d'Alger “Esprit Frantz Fanon" proposent de réfléchir sur l'actualité de Fanon aujourd'hui, tout en se demandant, comme l'indiquera M. Lardjane : “Est-ce que Fanon peut aujourd'hui comprendre le monde dans lequel nous sommes ? Qu'est-ce qu'il y a chez lui qui pourrait nous aider à comprendre le monde actuel." S K