Les archs, eux-mêmes, devraient se poser la question : un boycott profiterait-il plus à leur mouvement ou aux tenants du régime qui les ont réprimés dans le sang ? À quatre mois de la fin du mandat de Bouteflika, l'élection présidentielle se décline encore comme une somme d'interrogations et de doutes, voire de craintes et d'inquiétudes. Les interrogations et les doutes portent autant sur l'identité des candidats que sur le rôle que jouera — ou ne jouera pas ? — l'institution militaire dans cette joute, étant donné qu'elle ne peut plus récuser le qualificatif de “faiseurs de roi” dont sont affublés les généraux. Les craintes et les inquiétudes sont, quant à elles, multiples et mettent en évidence que l'élection du printemps 2004 est déjà un scrutin en danger : dans quelles dispositions sera la Kabylie le jour J ? Quelles seraient les implications immédiates et lointaines d'un boycott du scrutin dans cette région ? De quel crédit bénéficierait la prochaine présidentielle et quelle légitimité aurait le futur chef de l'Etat, si les électeurs de la région venaient à tourner le dos aux urnes ou, carrément, à les brûler ? Il est navrant de constater, aujourd'hui, que ces questions ne semblent pas interpeller l'Exécutif qui s'entête encore à exercer ses talents de pyromanie, dans le but — désormais presque avoué — de neutraliser le poids électoral de la Kabylie. Ceci étant posé, il est clair que tout candidat déclaré doit œuvrer, dès aujourd'hui, à déjouer ce piège, sous peine de cautionner une consultation électorale-farce. Les archs, eux-mêmes, devraient se poser la question : un boycott profiterait-il plus à leur mouvement ou aux tenants du régime qui les ont réprimés dans le sang ? D'autant qu'ils ont eu, à deux reprises, à vérifier que le pouvoir sait parfaitement s'accommoder d'un scrutin sans la Kabylie. Mais l'élection-farce pourrait advenir par une autre voie, également coutumière chez nous : la fraude. Et ce n'est pas la moindre des inquiétudes. Sauf, peut-être, chez ces candidats qui s'annoncent, sans a priori, comme pour faire partie du décor. Il est vrai que la figuration est quelquefois plus payante que tout autre type de candidature. S. C.