À quelque trois mois de la fin du mandat présidentiel, la méthode a déjà lamentablement échoué : les institutions sont en panne, le consensus d'hier a volé en éclats et la rue gronde. La réalité du mandat de Bouteflika, aujourd'hui finissant, ne s'était sans doute jamais aussi clairement déclinée qu'en ce début de l'année 2004. Au moment où une délégation des archs, représentative d'une aile décriée du mouvement, est reçue au Palais du gouvernement, la police de Zerhouni ne chôme pas pour autant. L'intrigue et la matraque continuent de jouer simultanément comme elles l'ont toujours fait sous le règne de Bouteflika. Il est bien vrai qu'elles ne sont pas sa création exclusive, mais jamais auparavant le pouvoir n'en avait usé de manière aussi caricaturale, aussi grossière. Sous Bouteflika, les procédés de l'intrigue et de la matraque sont devenus permanents et interchangeables. La répression qui, hier frappait le mouvement citoyen de Kabylie, s'exerce, aujourd'hui, sur un parti politique dont le tort est de ne pas s'aligner derrière le président-candidat. Peu importe si ce parti s'appelle le FLN, et il importe encore moins qu'il détienne la majorité au sein des assemblées, à commencer par l'APN. L'intrigue, quant à elle, est convoquée aujourd'hui pour “apprivoiser” la Kabylie et handicaper les luttes démocratiques qui ont toujours été les siennes. Par le passé, ce procédé était surtout usité dans les conflits de palais, comme au moment où Abdelaziz Bouteflika avait à cœur de réhabiliter le même FLN au détriment du RND, alors majoritaire grâce à la mémorable fraude de 1997. Depuis, Ahmed Ouyahia est devenu chef du gouvernement et il est, à ce titre, chargé de contribuer à la normalisation en Kabylie. Peu importe que son parti soit le RND, hier la cible de Bouteflika, et il importe encore moins que son poids dans les assemblées soit minime. à quelque trois mois de la fin du mandat présidentiel, la méthode a déjà lamentablement échoué : les institutions sont en panne, le consensus d'hier a volé en éclats et la rue gronde. C'est le climat que le président en exercice a voulu et minutieusement préparé pour la tenue du scrutin dont il attend qu'il lui offre un second mandat. Le seul climat, en somme, qui puisse arranger ses ambitions électorales. Le seul climat qu'il faut impérativement changer si l'on ne veut pas hypothéquer l'avenir immédiat du pays. S. C.