Cette deuxième tentative de marche des gardes communaux sur Alger pour protester “contre la hogra et la marginalisation" a été bloquée par des unités de la gendarmerie à Boufarik. À peine ont-ils fait quelques dizaines de mètres, les gardes communaux ont été surpris par un important dispositif sécuritaire mis en place par le groupement de la gendarmerie de la wilaya de Blida pour les empêcher d'avancer. C'est juste à l'entrée de la ville de Boufarik qu'ils ont été contraints de stopper net leur progression afin d'éviter toute confrontation avec les gendarmes qui ont reçu des ordres fermes pour ne rien laisser passer. Pris en sandwich au milieu de deux escadrons de gendarmerie, les manifestants ont opté pour un sit-in sur la chaussée, brandissant des drapeaux blancs en signe de non-violence. Deux heures plus tard, des négociations ont eu lieu entre les représentants des gardes communaux et le colonel de la gendarmerie. “Nous ne sommes pas pour la violence. Tout ce que nous demandons c'est notre droit", déclare Aliouat Lahlou. Et d'ajouter : “Le colonel nous a dit qu'il avait reçu des instructions pour nous empêcher de continuer la marche. Vu le matériel déployé et leur détermination, j'ai compris le message. Pour éviter que le sang coule, nous avons demandé aux gardes communaux de céder le passage et d'occuper un des terrains qui se trouve juste à côté de l'autoroute. Nous allons camper ici. Passer le Ramadhan ici s'il le faut. Et nous allons obliger les gendarmes à passer le Ramadhan ici avec nous." Hier, dans un champ de blé, les gardes communaux ont passé leur première nuit à la belle étoile sous des petites cabanes fabriquées à la hâte avec des roseaux et des branches d'arbres. “Nous demandons à voir le président de la République car le ministre de l'Intérieur n'a rien fait pour nous. Il se contente juste de faire des déclarations dans la presse pour dire qu'il a pris en charge le règlement de la situation des gardes communaux. C'est pour cette raison que nous continuons à réclamer nos droits. Même si la majorité parmi nous ont un niveau d'instruction faible, ce n'est pas une raison pour qu'ils soient classés à la catégorie 6 comme agent administratif. Ce sont des gens qui ont été au-devant de la scène dans la lutte contre le terrorisme, ils méritent quand même le droit et le respect", estime Aliouat Lahlou qui annonce que 1 400 gardes communaux ont déposé leurs armes dans la wilaya de Boumerdès, alors que d'autres, comme ceux de la wilaya de Blida, subissent des représailles. Pour avoir participé à la marche, leur salaire n'a pas été versé ce mois-ci. Cette deuxième tentative de marche s'est répercutée sur la circulation, provoquant un immense bouchon au niveau de l'autoroute qui relie Alger à Blida et les villes telles que Blida, Boufarik, Béni Mered, jusqu'à Tessala Merdja. Pris dans cet embouteillage, les automobilistes, qui avaient tenté de fuir par des raccourcis en pénétrant dans les localités, se sont retrouvés coincés. À 10h30, sous une chaleur suffocante, les villes sont paralysées par un interminable bouchon. Les policiers chargés de la circulation routière ne savaient plus quoi faire devant une situation pareille. K. F