Les commerçants, eux aussi, ne cachent pas leur détresse. “Les gens achètent très peu. Pour preuve, nous souffrons d'un sérieux problème de mévente." Durant ce Ramadhan qui commence à peine, les Algériens ne devront pas seulement faire face à la hausse des températures mais aussi à celle des prix des produits de large consommation. La hausse des prix lors de ce mois sacré est devenue une tradition dans notre pays. À chaque approche du Ramadhan, les prix augmentent systématiquement et sans aucune raison valable. Ce phénomène a été encore constaté, hier, au niveau des marchés de la capitale. Du marché Ali-Mellah à Clauzel, les scènes sont similaires. Les prix tout simplement inabordables pour les petites et moyennes bourses et des citoyens perdus entre l'envie de se faire plaisir et le manque de moyens. Et une inflation qui a atteint au mois de juin les 8,7% et qui neutralise déjà largement les dernières augmentations des salaires. Comme à l'accoutumée, les prix se sont envolés, au grand dam des ménages qui doivent faire toute une gymnastique cérébrale pour trouver un juste équilibre entre leur budget et leurs envies. Les fruits et légumes ont enregistré une hausse vertigineuse. La salade verte est cédée entre 100 et 140 DA/kg, les courgettes et les carottes vendues entre 100 et 120 DA/kg. Les haricots verts de 100 à 140 DA/kg. Le poivron, la tomate fraîche entre 50 et 80 DA/kg. La pomme de terre est cédée entre 40 et 60 DA/kg. Le citron, quant à lui, oscille entre 120 et 250 DA/kg. Concernant les fruits, la pomme est à 250 DA le kg, le raisin à 180 DA le kg, la banane à 130 DA et les dattes à 350 DA. Même tendance pour les viandes, l'agneau est à 1 300 DA le kg, le bœuf à 1 000 DA le kg et le poulet à 380 DA le kg. Seule “star", bien qu'elle aussi ait perdu de son éclat d'antan, est la viande congelée. Elle fait, également, face à la crise du moment ; elle est vendue à 1 000 DA le kg. 12h. Marché Ali-Mellah connu pour son activité non-stop, les lieux sont presque vides et l'ambiance est morose. Les étals sont très peu garnis et les clients se font rares. Les présents semblent perdus. Dès qu'ils s'approchent d'un vendeur de viande rouge ou blanche et demandent les prix, ils se figent un moment, comme s'ils avaient besoin d'un instant de réflexion avant de décider : acheter ou s'abstenir. “Je n'achète pas au kilogramme. C'est trop cher. Mais, tout juste ce que nous consommons au repas du jour, surtout pour les viandes", avoue un citoyen rencontré au marché Ali-Mellah. Des images similaires ont été observées au marché Clauzel, les clients achètent par petite quantité : 4 piments, 2 aubergines, 500 g de pomme de terre, 150 DA de viande haché, 200 DA de viande pour la chorba, 3 pommes ou 100 g de raisin. Le consommateur n'est pas le seul à être excédé par cette situation. Les commerçants, eux aussi, ne cachent pas leur détresse. “Les gens achètent très peu. Pour preuve, nous souffrons d'un sérieux problème de mévente". “C'est la première fois que le persil ne se vent pas. D'habitude, les gens se bousculent. Avant 12h, rien ne restait", relate un vendeur de persil au marché Clauzel. Même son de cloche chez les bouchers. “Nous avons une marchandise de 40 millions et nous nous retrouvons à vendre en petites quantités. La situation ne peut plus durer, l'Etat doit intervenir pour mettre un terme à cette flambée des prix", souligne un boucher. En attendant, ni l'Etat ni le citoyen n'arrivent à faire face au diktat d'un marché qui ne se soumet à aucune loi. Les assurances du ministère du Commerce ne se vérifient pas sur le terrain même si le problème de disponibilité des produits ne se pose pas. Le ministre avait affirmé non seulement qu'il n'y aurait pas de pénurie cette année mais aussi que les prix seraient abordables, et ce, grâce aux 10 000 tonnes de poulet congelé stocké et la même quantité de viande rouge importée. D S