Malgré l'importation d'Inde de quantités considérables, le prix de la viande bovine ne baisse pas. Fraîche ou congelée, elle a même augmenté de quelques dinars à la veille du Ramadhan. C'est lors d'une virée au marché Ali Mellah et ex-Clauzel que nous avons constaté chez les bouchers une nouvelle envolée du prix de la viande. Comparativement aux jours précédents, la différence de prix ne frôle certes pas le double, mais les dinars de plus pèsent lourdement sur les bourses des ménages. En prenant en compte cette réalité, il est sans conteste sûr que la viande indienne aura du succès en Algérie. Quant à la question de sa bonne ou mauvaise qualité, le citoyen pourra facilement en juger. Cela étant, les nombreux bouchers, ou plus exactement les commerçants en viande congelée, monnayent celles provenant du Brésil et d'Argentine à 850 DA le kg ! Paradoxalement, les citoyens peuvent rajouter 100 ou 150 DA pour acheter de la viande fraîche. Les clients des marchés visités ont toujours la mine des mauvais jours. Ils sont quasi certains que les prix des viandes ne baisseront pas. Pour eux, «les responsables sont des menteurs. Ils parlent d'une viande à 400 et à 500 DA. Ils pensent vraiment que nous sommes dupes et que nous finirons par les croire», affirme en colère une vieille dame devant une boucherie. Et elle n'est pas la seule. Les nombreuses femmes du marché Ali Mellah, habituées des lieux, disent qu'importer de la viande «révèle le dysfonctionnement de toute une filière». Elles se demandent comment il est possible qu'un pays aussi vaste que l'Algérie ne peut développer un important élevage bovin ou ovin. Le prix de la viande d'agneau ou de mouton reste aussi élevé. Cédée à 950 DA pour le second, son prix a grimpé en l'espace de quelques jours. Pratiques spéculatives ou facteurs exogènes, s'interrogent les clients ? «Dans tous les cas, à chaque veille de Ramadhan, c'est la même histoire. Les prix augmentent. Les vendeurs savent pertinemment qu'il y aura des acheteurs», ironise Farouk, 38 ans. Aux rayons fruits et légumes, l'on peut constater la hausse du prix de la pomme de terre : 50 DA. Idem pour les carottes, les courgettes et les aubergines, fortement consommées en général. Quant aux fruits, les raisins sont à 100 DA et les bananes entre 110 et 120 DA. Certaines personnes plus avisées déclarent que «le mois de Ramadhan n'est pas réservé exclusivement à la consommation ou au suivi des feuilletons télévisés». «Auparavant, on se contentait de peu, et Dieu merci, on mangeait à notre faim. Aujourd'hui, tout est disponible, mais il n'y a pas la baraka. Les gens ne pensent qu'à leur ventre, alors que le mois de Ramadhan est le mois de la piété, du pardon et de la bienfaisance», estime ammi Omar.