Les mises en scènes et le dialogue sont également des moyens remarquables dans la pédagogie coranique permettant de communiquer et de faire vivre le texte coranique. Comme dans une pièce théâtrale, tout se déroule presque sous les yeux avec la "caméra" divine. En plus ce n'est pas de la représentation. C'est de la reproduction de scènes historiques réelles. Dans ce cadre, nous avons choisi une parabole des huit que renferme sourate Echouâra pour illustrer ce mode d'expression communicatif. Elle est basée de bout en bout malgré sa longueur (60 versets, mais courts et rythmés et rimés à la fois !) sur les étapes et scènes du récit au nombre de trois avec le dialogue. N'oublions pas que cette sourate a par sa beauté, son style et sa forme été révélée pour défier l'arrogance de la cité de Koraïch, réputée pour son éloquence, sa poésie et sa culture, et rétablir le moral du Prophète (QSSL), mis en doute par Koraïch et son élite dans un combat culturel de haut niveau. La réponse divine au secours de son messager a été éclatante par la révélation de cette sourate qui demeure une inspiration infinie pour les gens de culture et de la poésie. Au lieu de présenter le passage de façon canonique, compacte et lugubre, nous avons inversé la chose en mettant en exergue son schéma de lecture, sa forme et son style. Le résultat est comme vous le remarquez éblouissant et donne une autre image de ce qu'on a du Coran. On a : - Scène une : Dieu charge Moïse au Mont de Sinaï, après la fin de son séjour à Médien en Cisjordanie (09-17) - Scène deux : On change de décor. En égypte, dans les salons somptueux de Pharaon qui dialogue avec Moïse en longueur (18-51) - Scène trois : Moïse et son peuple prennent la fuite et la fin de Pharaon, également rapportés sous forme de sous-scènes et dialogue, une fois dans les salons de Pharaon en présence de sa suite et une autre en affrontant les magiciens (52-66) - Conclusion sous forme d'un refrain de deux versets qui se répètent à la fin de chacune des sept autres paraboles de la sourate. Ce n'est pas fini, car il faut ajouter à cela des versets courts et rimés donnant l'impression que ce sont des cours libres, pleins de beauté et de charme. La sourate classée moyenne est, tenez-vous, la deuxième sourate du Coran après celle d'El-Baqara par le nombre de versets (227). Grâce à son schéma de lecture et sa forme, sa lecture devient des plus faciles et des plus attrayantes. Son contenu se dégage clairement. En voici la parabole avec ses scènes et dialogues (sous-titres mis par nos soins pour illustrer le schéma et le dialogue) Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ! (Scène une : Allah dialogue avec Moïse au bas du Mont Sinaï) "Et [souviens-toi] lorsque ton Seigneur appela Moïse [et lui dit] : "Rends-toi auprès du peuple injuste (10) Le peuple de Pharaon [et dis-lui] : "Ne craindrez-vous pas le Seigneur ?"(11) Il (Moïse) dit : "Je crains, Seigneur, qu'ils ne me traitent de menteur. (12) Que mon cœur s'étrécit au point de ne pouvoir articuler [le moindre mot]. Mande plutôt Aaron ! (13) Au surplus, j'ai à leur répondre d'un crime et je redoute qu'ils ne me tuent." (14) Il (Dieu) dit : "Que non pas ! Partez tous les deux [nantis] de nos signes. Nous serons avec vous et écouterons. (15) Rendez-vous auprès de Pharaon et dites : ‘‘Nous sommes les envoyés du Seigneur des mondes, (16) [chargés de te dire] de laisser partir avec nous les fils d'Israël''." (17) (Scène deux : En égypte, Moïse dialogue avec Pharaon) A - Dialogue un (dans les salons de Pharaon) : Moïse présente les preuves "Il (Pharaon) dit : "Ne t'avons-nous pas [Moïse] élevé tout enfant ? N'as-tu pas passé des années parmi nous (18) et commis le forfait que l'on sait ? Tu es un impie !" (19) Il (Moïse) dit : "Je l'ai commis quand j'étais encore du nombre des égarés. (20) Je me suis enfui par crainte de vous. [Maintenant] mon Seigneur m'a accordé le pouvoir de juger et a fait de moi un prophète.(21) Est-ce là un bienfait que tu me reproches, alors que tu as asservi les fils d'Israël ?" (22) Il (Pharaon) dit : "Qui est [ce] maître des mondes [dont tu parles] ?" (23) Il (Moïse) dit : "C'est le Seigneur des cieux et de la terre et de ce qui est entre eux, si vous voulez croire avec certitude." (24) Il (Pharaon) dit à son entourage :"Avez-vous entendu ? " (25) Il (Moïse) dit : "[C'est] votre Seigneur et le Seigneur de vos premiers ancêtres."(26) Il (Pharaon) dit : "En vérité, le messager dépêché auprès de vous est un fou." (27) Il (Moïse) dit : "C'est le Seigneur de l'Orient et de l'Occident et de ce qui existe entre eux, si vous [voulez] raisonner." (28) Il (Pharaon) dit : "Si tu adoptes une divinité autre que moi, je t'enverrai sûrement [grossir] le nombre des détenus." (29) Il (Moïse) dit : "Même si je vous apportais une preuve édifiante ?" (30) Il (Pharaon) dit : "Fournis-la, si tu es du nombre des véridiques." (31) Il (Moïse) jeta son bâton et voici [qu'il se changea] en un dragon véritable. (32) Il exhiba sa main et soudain elle [devint] blanche pour les assistants. (33) Il (Pharaon) dit aux dignitaires qui l'entouraient : "C'est un savant magicien. (34) Il veut vous chasser de votre pays par magie ! Que prescrivez-vous ?" (35) Ils dirent : "Fais-les attendre, lui et son frère, et dépêche dans [toutes] les villes des recruteurs (36) pour t'amener tout magicien averti." (37) B - Dialogue deux : (Les magiciens entrent enjeu) "Au moment fixé du jour connu, les magiciens furent réunis.(38) On dit aux gens : "Voulez-vous venir assister en foule [à la compétition annoncée] ?(39) Peut-être suivrons-nous les magiciens, s'ils sont vainqueurs." (40) Lorsque les magiciens arrivèrent, ils dirent à Pharaon : “Aurons-nous certainement une récompense, si nous sommes vainqueurs ?" (41) Il dit : "Bien sûr ! Vous ferez partie de mes courtisans !" (42) Moïse leur dit : "Jetez ce que vous avez à jeter".(43) Ils jetèrent [aussitôt] leurs cordes et leurs verges et dirent : "Par la puissance de Pharaon ! En vérité, nous sommes les vainqueurs !"(44) Alors Moïse jeta son bâton et voici qu'il happa leurs artifices. (45) Les magiciens tombèrent alors, face contre terre. (46) Ils dirent : "Nous croyons au Seigneur des mondes. (47) Le Seigneur de Moïse et d'Aaron !" (48) Il (Pharaon) dit : "Vous lui faites crédit avant que je ne vous y autorise ? En vérité, c'est votre chef, il vous a enseigné la magie ! Vous allez apprendre ! Je vous couperai [à chacun] la main d'un côté et le pied de l'autre ; après quoi je vous ferai tous pendre." (49) Ils dirent : "Ce n'est pas grave, nous retournerons [ainsi] vers notre Seigneur. (50) Nous espérons qu'Il nous pardonnera nos fautes, étant les premiers à croire." (51) La suite avec la scène trois et la fuite de Moïse et de son peuple persécutés par Pharaon et son armée, se lit de la même manière. Voilà, il a suffi de peu pour tourner la page et voir plus clair, y compris dans la langue d'interprétation, et ce, grâce à la mise en exergue de ces deux techniques que sont la mise en scène et le dialogue. On prie Dieu pour mieux nous éclairer et nous guider. Les miracles du Coran ne finissent pas. On a tort de fermer le Livre de dimension universelle. Si nos écoles coraniques dont certaines pratiques d'enseignement, pas le Coran que chaque algérien vénère, avaient révolté un certain... Kateb Yacine, excellent homme de théâtre, par leur retard et leur manque de pédagogie, en maintenant une société en otage, et maintenant nos instituts et notre chaîne coranique décident enfin de voir mieux et d'approcher le texte divin autrement, tout ira bien pour nos enfants qui retrouveront leur créativité et leur dynamisme. La logique veut qu'il faut quoi qu'en dise, quoi qu'en dise, rendre justice à Kateb même a posteriori. Le Coran approché autrement lui donne raison.