Ses partisans promettent de faire un grand triomphe à cet invité très spécial. Les pro-Benflis observent le spectacle, railleurs. Veillée d'armes. “Nous lui ferons une grande surprise !”, lance tout fier Kamel Bounaga, président de la coordination de soutien au programme de Bouteflika, qui ne se fait pas de mouron quant à la réélection de son candidat favori en avril prochain. Dans le siège de cette structure située au cœur de la ville des Zianides, un travail de fourmi se faisait, hier soir, en prévision de l'arrivée du “Raïs”. Couleurs nationales et portraits du Président ornent la façade de l'édifice que l'administration à généreusement offert à la coordination. Un immense portrait de Bouteflika portant le slogan : “Oui pour un deuxième mandat” accroche les regards. À l'intérieur, le hall et les couloirs du siège fourmillent de monde. Les va-et-vient sont incessants. Le téléphone sonne sans discontinuité. Le coordinateur, Kamel Bounaga, en chef-d'orchestre, reçoit les invités… Derrière son bureau jonché d'une grande paperasse, Bouteflika est omniprésent. Notre hôte parle de lui avec passion. D'emblée, il promet que le Président aura droit à un “authentique bain de foule et à un accueil très chaleureux”. Il annonce que sa coordination est beaucoup plus importante “que n'importe quel parti politique”. M. Bounaga se fait fort d'annoncer que la structure qu'il dirige pèse 13 773 adhérents uniquement dans la wilaya de Tlemcen. Cet entrepreneur de profession, qui a abandonné ses chantiers pour se consacrer à ceux de Bouteflika, dit travailler “gratuitement”. Dans le camp de Benflis, l'atmosphère est plus sereine. La porte du siège de la mouhafadha est solidement fermée. “Ils peuvent revenir à la charge à tout moment”, s'exclame un jeune appariteur, qui nous accueille avec une allusion faite aux “redresseurs” qui avaient lancé un assaut contre ce docteur en linguistique, un fervent partisan de Benflis. Il veut casser l'idée reçue selon laquelle un Tlemcénien roulerait ipso facto pour l'“enfant de Nedroma, l'enfant du bled”. “Je souhaite que Benflis soit le premier Président universitaire depuis l'indépendance”, lâche-t-il convaincu. À la veille de la visite, le décor est on ne peut plus discret, abstraction faite, bien sûr, du fameux carnaval de badigeonnage des trottoirs et des façades à la hâte, qui bat son plein. Le Président, qui devra arriver ce matin, devrait inspecter et inaugurer plusieurs projets dont une station de dessalement de l'eau de mer à Ghazaouet et des forages à Zouia. Il fera inévitablement un crochet à son patelin Nedroma et à Maghnia dont les habitants ne cessent de réclamer un statut de wilaya à leur ville. Les Maghnaouis gardent certainement en mémoire la réplique de Bouteflika, lors de sa première visite en 2001, quand il leur a assené ceci : “Vous, vous avez un pied en Algérie et un autre au Maroc !” . Mais le temps a changé. Les habitants de la ville frontalière s'attendent à un autre discours. Plus mielleux celui-là. Et pour cause…! H. M.