Mettant comme préalable à la relance de l'Union du Maghreb arabe la réouverture des frontières algéro-marocaines, le Premier ministre islamiste marocain a littéralement réduit à néant les ambitions du président tunisien, Moncef Marzouki, qui en a fait son cheval de bataille. Encore une fois, Rabat montre son véritable visage quand il s'agit de construire réellement l'Union du Maghreb arabe en mettant en avant ses différends avec l'Algérie, qu'il refuse de régler dans un cadre global comme le demandent les autorités algériennes. Si ce n'est pas le conflit du Sahara Occidental, c'est l'histoire des frontières fermées entre l'Algérie et le Maroc depuis 1994. Ainsi, même si la date officielle de ce sommet maghrébin n'a pas été encore arrêtée, car elle est toujours au stade des consultations entre les différents chefs d'Etat du Maghreb, le Maroc remet carrément en cause sa tenue. Cette fois-ci, c'est le nouveau Premier ministre marocain, l'islamiste Abdelillah Benkirane, qui vient anéantir les efforts de relance de l'UMA, menés par le chef de l'Etat tunisien, Moncef Marzouki. Ainsi, pour le Chef du gouvernement marocain, le sommet de l'Union du Maghreb arabe, prévu avant fin 2012 en Tunisie, “sera de pure forme" en raison de la persistance de la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l'Algérie. Dans une interview parue jeudi dans le quotidien Attajdid, l'organe de son parti islamiste Justice et développement (PJD), Abdelillah Benkirane a affirmé que “les conditions de la tenue d'un sommet ne sont pas encore mûres et tant que les frontières entre le Maroc et l'Algérie ne seront pas rouvertes", une telle réunion “sera seulement de pure forme". Rejetant, bien sûr, la responsabilité entière sur la partie algérienne, le Premier ministre du roi Mohammed VI a déclaré : “Notre politique vis-à-vis de nos frères algériens est basée sur l'Histoire, les deux peuples sont liés par des relations d'amour et de fraternité. Malheureusement, la direction algérienne a un autre avis (...), mais nous parions sur l'avenir." “Il est impensable que la France et l'Allemagne se soient réconciliées et que l'Algérie soit en situation d'adversité vis-à-vis du Maroc", a-t-il encore martelé, sans prendre la peine de préciser à qui incombe cette responsabilité. Une chose est sûre, Abdelillah Benkirane vient d'asséner un coup dur à l'Union du Maghreb arabe, qui pourrait ne pas s'en relever, tant les indices laissaient penser qu'une réactivation de l'UMA, entamée au lendemain du Printemps arabe grâce au rapprochement entre les capitales de cette entité, y compris entre Rabat et Alger malgré la persistance de contentieux, était possible. Et c'est cela qui a encouragé le président tunisien à proposer un sommet de cette organisation régionale, que la Tunisie doit en principe accueillir en octobre 2012, avec pour objectif de relancer l'UMA, qui est demeurée au stade des textes depuis sa création en 1989. Pour rappel, le dernier sommet maghrébin remonte à 1994. L'UMA vise notamment à créer une zone de libre-échange. Ses objectifs sont toutefois restés lettre morte en raison de différends entre ses membres. M T