Enjeu de lutte idéologique pour donner sans doute des gages aux islamistes, dans le prolongement de la loi sur la réconciliation nationale, la chasse aux chrétiens, qui semble s'être atténuée cette année, comme le note le rapport du département d'Etat américain 2011 sur la liberté religieuse, s'est multiplié ces dernières années. Depuis la promulgation de la loi de 2006 régissant la “pratique du culte non musulman", plusieurs convertis ont eu maille à partir avec les autorités. Le cas le plus retentissant fut sans doute le procès de Habiba Kouidri. Agée de 37 ans, éducatrice dans une crèche, Habiba Kouidri a été arrêtée en possession d'exemplaires de bible en mars 2008, alors qu'elle se rendait en bus d'Oran, où elle fréquente l'école biblique, à Tiaret, son lieu de résidence. En septembre 2010, deux ouvriers chrétiens étaient jugés pour “atteinte aux préceptes de l'islam" pour avoir mangé durant le jeûne rituel du Ramadhan dans la ville de Aïn El-Hammam, en Kabylie. Grâce à la mobilisation des militants des droits de l'Homme, ils ont été relaxés. Le 8 mai 2011, le wali de Béjaïa ordonne la fermeture de sept églises protestantes, affirmant que certaines églises protestantes tenaient des services clandestinement dans des locaux comme les garages. Des déclarations très vite démenties par le chef de l'église protestante, M. Mustapha Krim. Face au tollé provoqué par la décision, le ministre de l'Intérieur intervient pour calmer le jeu en soutenant qu'il s'agit seulement d'une question de “conformité". Autre affaire qui a défrayé la chronique : en mai 2011, Abdelkrim Siaghi, maçon, converti au christianisme a été condamné à 5 ans de prison pour prosélytisme. Selon les comptes rendus de presse, Siaghi, qui avait été dénoncé par un voisin à qui il avait remis un DVD sur la vie du Christ, a été brutalement arrêté par une escouade de policiers. Enfin, en février 2012 des inconnus ont vandalisé l'église de Ouargla. Mais si le harcèlement contre les convertis et autres pratiquants d'autres religions semblent avoir diminué, il reste que l'intolérance est fréquente et a de beaux jours devant elle, même si les autorités tentent d'être rassurantes. “Les chrétiens peuvent s'organiser en associations pour collecter des fonds et construire des églises", avait déclaré en décembre dernier en marge d'une séance de l'APN, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, Bouabdallah Ghlamallah. K K