Ce qui se passe actuellement en Syrie est une honte. Honte pour ceux qui soutiennent, pour ceux qui dénoncent, pour ceux qui applaudissent, et pour ceux qui critiquent, et surtout pour ceux qui agissent comme une vache qui regarde un train traversant un horizon lointain. Aux obsèques d'un parent d'un ami, un ancien haut responsable me chuchote à l'oreille, avec une gravité assourdissante (!!), qu'il s'agit d'un complot ourdi par les Occidentaux depuis 2005 pour maîtriser la région et s'emparer de ses richesses. Je me suis contrôlé difficilement pour ne pas éclater de rire devant les parents du cher disparu, donnant un exemple d'un comportement vraiment mal élevé. Cette région du monde a subi depuis des siècles toutes sortes d'agressions, d'invasions et de complots. Elle a vécu un cortège sinistre d'occupation romaine, d'invasion vandale et les vagues successives des Croisés. Nous avons connu la tentative de Charles-Quint, avortée à la baie d'Alger en 1541, puis la guerre de 300 ans menée par l'Espagne contre notre pays. Depuis Napoléon, l'Occident n'a pas cessé de comploter contre nos peuples. L'Algérie tombe entre les mains des Français, suivie par le reste de l'Afrique du Nord. Le Moyen-Orient a connu les intrigues de Lawrence d'Arabie, le partage du gâteau par Sykes-Picot, puis l'agression tripartite contre l'Egypte en 1956. Des centaines d'exemples indiquent que les complots non pas cessé et ils continuent, confirmant qu'il s'agit bel et bien d'une lutte de deux mondes qui ne s'arrêterait jamais, même si Samuel Huntington renverse les rôles et se donne le droit de façonner le monde à sa guise. Dire aujourd'hui qu'un complot se dessine contre le monde arabo-musulman depuis 2005 est une anecdote de mauvais goût. J'ai l'impression que certains essayent de dissimuler un complexe de culpabilité, parce qu'il n'ont pas fait ce qu'ils devaient faire. Mais l'attitude de trois singes chinois n'est plus digne de l'intellectuel, du nationaliste et même du citoyen simple. Plus grave encore c'est de traiter les deux parties en conflit sur le même pied d'égalité. La Syrie connaît aujourd'hui un régime criminel qui mène des massacres sans précédent. Seuls des mongoles aveugles et sourds assimilent les “chabbihas" de Bachar à des citoyens qui ne demandent qu'un peu de liberté, un peu de dignité et une possibilité de pouvoir vivre en paix. Depuis janvier 2011 en Tunisie, et février en Egypte et en Libye, des apprentis sorciers nous font l'étalage de leurs hypothèses malheureuses sur l'implication de puissances et de groupes étrangers dans les vagues de contestation populaire, appelée “le Printemps arabe". Ils nous font avaler les noms de “otpor", “kanvas" et “soros" comme les artisans de tout ce qui se passe dans la région. Qu'il y ait des forces qui complotent contre nous n'est pas surprenant, car c'est la nature des choses dans cette jungle mondiale. La question qui devait se poser : où sommes- nous ? Pourquoi nous n'avons pas agi en temps opportun pour démasquer et avorter ces complots, qui ne datent pas d'avant-hier. Répéter tout le temps que l'Occident vise ses intérêts, ce qui n'est pas faux, suggérer que les Russes soutiennent Bachar pour ses beaux yeux. Le nombre de victimes syriennes s'accroît chaque jour, il dépasse aujourd'hui une vingtaine de milliers. Mais la fin de Bachar est très proche. Certes, il a trop duré au point que le petit dictateur ressemble à une dent de sagesse pourrie, infectée et terriblement douloureuse, mais difficile à arracher. La délivrance de la Syrie approche. Ce sera une victoire certaine du peuple frère qui fut toujours à nos côtés, surtout depuis l'Emir Abdelkader, qui s'est vu offrir le royaume de Syrie. Mais cette victoire sera aussi une gifle retentissante à l'ancienne superpuissance, premier responsable de l'agonie sanglante d'un régime périmé. Ce serait la deuxième chute du KGB. M. A.