Dans le cadre de sa visite de courtoisie à “Liberté", l'ambassadeur d'Irak en Algérie, Auday Khaïralla, a bien voulu nous faire le point sur le processus politique en Irak. Liberté : Monsieur l'ambassadeur, quelle est la situation sécuritaire en Irak actuellement ? Auday Khaïrallah : Vous savez les Irakiens vivent le plus normalement du monde. Ils vaquent à leurs occupations quotidiennes, même si de temps à autre des attentats, œuvres de terroristes, sont commis dans certaines villes du pays. Une chose est sûre, la situation se normalise progressivement. Pouvez-vous nous parler du processus politique en Irak, qui semble rencontrer beaucoup de difficultés sur le terrain pour diverses raisons ? La transition politique d'un régime totalitaire et dictatoriale vers une véritable démocratie ne peut se faire facilement. L'histoire nous a montré que de grandes nations, à l'instar de la Grande-Bretagne ou la France, ont éprouvé d'immenses difficultés à se transformer en démocraties. La stabilité non encore totalement retrouvée est l'une des raisons du retard dans la mise en œuvre de la démocratie en Irak, d'autant plus qu'elle est consensuelle. En effet, dans notre pays il ne s'agit pas d'une démocratie ordinaire, où c'est le peuple qui gouverne à travers sa représentation au Parlement, mais il s'agit de permettre à toutes les parties du peuple irakien d'être représentées au gouvernement, d'où la difficulté de la mise en œuvre du processus politique. Il s'agit donc d'une nouvelle expérience, qu'est cette “démocratie consensuelle", qui nécessite une grande compréhension de la démocratie et du respect de la Constitution irakienne. Elle met l'accent sur l'importance de la participation de tous les Irakiens au gouvernement. Ainsi, il faut une bonne explication de la Constitution à travers des textes d'application de la loi fondamentale du pays. Et c'est là le rôle de la Cour fédérale, qui est l'instance suprême en Irak, et dont les décisions sont irrévocables. Il ne faut pas également oublier les énormes pressions régionales et internationales auxquelles est soumis l'Irak, dont l'effet ne peut que compliquer la situation. Il n'en demeure pas moins que l'Irak est capable de régler ses problèmes tout seul en mettant l'intérêt national avant tout. Malgré toutes les entraves, notre démocratie consensuelle progresse petit à petit. La situation prévalant en Syrie voisine, n'a-t-elle pas de répercussions sur l'Irak, notamment en ce qui concerne la question des réfugiés, qui devraient être nombreux en Irak ? Eh bien non, le problème ne se pose pas vraiment, car le nombre de réfugiés syriens, même s'il se chiffre à quelques milliers bien pris en en charge par les autorités irakiennes, n'est pas si important que cela. En effet, les réfugiés syriens sont beaucoup plus nombreux en Turquie et en Jordanie où ils leur est plus facile de se rendre. Par contre, les frontières irako-syriennes sont zones quasi-désertiques, et la seule ville par laquelle ils peuvent transiter est El-Kaem, d'où la difficulté de rejoindre l'Irak. Ceci étant, il existe des Syriens, qui ont des familles en Irak, chez lesquelles ils se sont rendus. Les autorités irakiennes leur ont facilité la tâche et le gouvernement a pris toutes les mesures pour les accueillir dans les meilleures conditions possibles. M. T.