La formation, composée de cinq talentueux musiciens, a animé dimanche soir sous le grand chapiteau de l'hôtel Hilton, un concert exceptionnel, le deuxième en Algérie. Chaque génération a ses codes et ses symboles. Si le mouvement Ghiwane, apparu dans les années 1960/70 incarnait le besoin d'une jeunesse de s'exprimer, d'inventer ses propres codes et de se démarquer de ce qui a été réalisé auparavant, le mouvement Haïha, la nouvelle scène musicale marocaine, s'inscrit également dans cette démarche d'inventer son propre son et sa propre langue. Le groupe marocain, originaire de Casablanca, Hoba Hoba Spirit, s'inscrit pleinement dans cette démarche. La formation, composée de cinq talentueux musiciens (Réda Allali, guitare et chant, Anouar Zehouani, guitare, Adil Hanine, batterie, Othmane Hmimar, percussion et chant, Abdessamad Bourhim, guitare, Saâdi Bouidi, guitare basse), a animé dimanche soir sous le grand chapiteau de l'hôtel Hilton, un concert exceptionnel, le deuxième en Algérie. Un concert durant lequel les cinq artistes ont partagé leur musique aux intentions rock, aux tonalités maghrébines (gnaoui, raï, trab) et aux influences parfois reggae. Créée en 1998, cette formation, qui a réussi à avoir un son qui lui est propre, a revisité des morceaux qui figurent sur leurs cinq albums (le disque “Nefs & Niya" est téléchargeable gratuitement sur leur site officiel : www.hobahobaspirit.com), notamment “Femme actuelle", “Casa", “Maradona", “Blad Schizophrene", “Ma Ajebtinich", “Sawt Echab", “Fhamatôr", et la célèbre “Gnawa Blues". Les musiciens, véritables showmen, ont également entonné des reprises, notamment “Nouar" de la regrettée Cheikha Rimiti, “Ida nzour", ainsi que deux morceaux de Tagnaouite revisité à la sauce Hoba Hoba : “Lalla Aïcha" et “Jilali Boualem". Les textes coups de poing de Hoba Hoba Spirit, chantés en arabe (dialectal et même classique), français et anglais, font écho aux contradictions et autres blocages qui rythment les sociétés du Maghreb, de manière générale, et la société marocaine en particulier. Hoba Hoba Spirit a dialogué remarquablement avec le public algérien qui connaissait certaines de ses paroles par cœur. À l'issue de la prestation de près de deux heures, Réda Allali, leader du groupe, nous a expliqué que le son Hoba Hoba Spirit, “ce sont des intentions rock, c'est-à-dire qu'on a envie de secouer les gens et d'avoir un maximum d'impact. Pour ça, on a la chance — comme les Algériens d'ailleurs —, d'avoir grandi avec plusieurs cultures. En une journée, tu peux écouter des artistes maghrébins, du traditionnel marocain, du rock, du funk, du reggae, etc. Nous, on utilise tout ça de façon plutôt spontané, sans beaucoup réfléchir. Ce n'est pas vraiment un concept, c'est plutôt naturel. On cherche l'impact". “Concernant l'engagement qu'on croit déceler dans leurs textes, notre interlocuteur a considéré que l'on est dans une société qui est un peu bloquée, où faire de la musique est déjà un engagement, vivre avec un minimum de cohérence est un engagement. L'engagement, chez nous, commence vite. Il commence quand tu montes sur scène, que tu essaies de ne pas te déguiser, d'affronter ce que tu es et de respecter ce que tu es, de rester tel que tu es. T'engager d'abord vis-à-vis de toi-même, puis vis-à-vis de ta musique — la faire la plus sincère possible —, et après, t'engager vis-à-vis du public, c'est-à-dire donner ce que tu peux au moment où tu es là, être dans la célébration de l'instant. Si on a des textes un peu ironique ou critique, c'est qu'on n'est pas capable de chanter". “Hbibti majatch". “Je ne peux pas lutter contre quarante ou cent ans de chansons d'amour, donc on s'est décalé un petit peu pour parler d'autre chose". Quant au nom du groupe, Réda Allali nous a signalé qu'il fallait retenir le mot “spirit" (esprit), car “on essaie de créer un esprit au moment où on joue. L'idée c'est de secouer ce qui se passe, de ne pas être dans le joli. On ne veut pas agrémenter l'instant, on veut le changer, l'impacter. Hoba Hoba Spirit c'est une énergie un peu punk d'affronter ce que tu es avec convivialité, amour et énergie." S K