Réda Allali est chanteur, guitariste, parolier et leader du groupe marocain de pop Hoba Hoba Spirit et aussi chroniqueur à Tel Quel. Bref, une éminence grise ! Un enfant terrible de la balle du rock et punk-rock. Un fils spirituel des Clash et Raïna Raï. -Que veut dire le nom de votre groupe : Hoba Hoba Spirit ? (Rires). Il ne veut rien dire. -Vous faites dans quel genre musical ? On fait dans le rock marocain. Le groupe existe depuis douze ans. -Vous êtes combien sur scène ? On est cinq sur scène. -Une formation de cinq pièces, guitariste, batterie… Deux guitares, batterie, percussions… -Un label de rock marocain et des influences… Oui, absolument ! Une estampille aux influences marocaines et voire même maghrébines avec celles algériennes. Ainsi que des influences africaines. Du gnawi, chaâbi, reggae… Mais la base demeure rock, quoi. -Vos référents et références… Nos références sont Clash, Mano Negra, Bruce Springsteen, Bob Dylan, Neil Young… Sinon au Maghreb, ce sont Nass El Ghiwane, Raïna Raï et Lotfi Attar qui nous ont beaucoup influencés. Premier groupe de fusion de guitare électrique. -Mais l'âme est marocaine… Oui, bien sûr ! On chante en arabe. Quand je parle de rock marocain, je parle d'intentions qui ne sont pas calculées. On n'essaie pas de faire joli pour plaire. Il s'agit de bouger, se surpasser et personnaliser notre musique. Après, les moyens pour arriver à ces intentions, cela pourra être des rythmes marocains ou autres. Notre ambition, c'est d'être un peu percutant. -Vous avez un gros son Marshall (enceinte)… On fait ce qu'on peut (rires). Oui, on aime bien surtout la puissante rythmique. On a la chance d'avoir au Maroc des rythmes irrésistibles. On a appris où «appuyer» pour faire danser les gens. Et c'est quand même le premier objectif du groupe que de passer un agréable moment avec le public. Et si l'on peut faire passer deux ou trois idées, c'est tant mieux. -Vous avez un message à délivrer, surtout en ce moment (les révolutions des pays arabes) ? Bien sûr ! Le message est clair. Il y a un vent de liberté qui souffle sur les pays arabes. -Et même en Espagne… Oui, même en Espagne. Donc, il est évident que c'est une chance pour ces pays (arabes). Afin que les systèmes respectifs puissent comprendre ce qui se passe et de réagir intelligemment. Parce que cela va dans le sens de l'histoire. Et c'est comme ça que le monde va évoluer. C'est une mise à jour. On est un peu en retard par rapport à cette mise à jour. (Rires). -Vous aspirez à quoi ? Notre rêve est de vivre dans des pays qui nous respectent. Nous avons plusieurs rêves. Puisque vous êtes un média algérien, notre rêve est de faire en sorte que les peuples arrivent à réaliser ce que les systèmes empêchent et interdisent. C'est-à-dire ceux qui se ressemblent s'assemblent. On est malheureusement dans un monde cloisonné. Où l'on a bâti des barrières culturelles. On ne se retrouve que pour les matchs de football. Bien que je sois un «mordu» de football. Mais je voudrais qu'on se retrouve ailleurs autour de la culture. La musique traverse les frontières. Les idées traversent les frontières. Il faudrait que les gens puissent traverser les frontières. -Vous vous produisez en Algérie… On a déjà joué en Algérie. On est à l'affût pour d'autres occasions d'aller de jouer en Algérie, bien sûr. Comme les artistes algériens qui viennent se produire au Maroc. On a tous les ans, Khaled, Bilal, l'Orchestre national de Barbès, Gnawa Diffusion… -Vous vivez de votre art ? Oui, absolument. On est musiciens. On a cinq albums à notre actif. On s'est produits dans une douzaine de pays. C'est un vrai «boulot», quoi, hamdoullah !