Cinquante années après son indépendance, l'Algérie s'est lancée dans un long processus d'urbanisation qui a eu un impact positif sur le développement des villes et révélé, en revanche, des insuffisances en termes de réalisations. Une chose est certaine, le pays a connu une forte croissance de son urbanisation. Le taux est passé de 25% en 1954 à près de 66% en 2008. La production du logement, les opérations d'aménagement et d'amélioration urbaine ont atteint leur apogée entre 1997 et 2011, à la faveur des programmes de soutien et de relance économique et les autres plans quinquennaux. En un demi-siècle, l'Algérie est passée d'un mode de vie rural à une ère post-industrielle. La morphologie du territoire national se caractérise par la concentration de l'urbanisation sur la frange littorale et l'existence d'un réseau reposant sur un seul grand centre urbain qui dépasse le million d'habitants, en l'occurrence Alger. C'est, du moins, ce qui ressort d'une publication spéciale, éditée par le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme à l'occasion du 50e anniversaire de l'Indépendance. De 1962 à ce jour, force est de constater que la pression sur le logement persiste encore en Algérie. La crise s'est, certes, un tant soit peu atténuée, mais la majeure frange de la population algérienne demeure mal-logée. La politique du logement préconisée par les pouvoirs publics a évolué ainsi face à deux principales problématiques, à savoir les multiples risques et les catastrophes naturelles. Le non-respect de la réglementation en vigueur, pourtant rappelée sans cesse par les responsables à tous les niveaux, et l'inefficacité du contrôle n'ont fait qu'aggraver les dégâts engendrés par ces phénomènes. Le séisme de Boumerdès est l'exemple le plus frappant de ce laisser-aller. De ces différents bouleversements sismiques et climatiques qu'a subis le pays, le ministère compte en tirer les leçons nécessaires. Premières mesures salutaires : révision des règles parasismiques algériennes, en 1981, 1983, 1988, 1999 et 2003. Cependant, c'est à l'aide du règlement parasismique RPA 2010 que la tutelle souhaite réaliser des habitations et autres structures inscrites dans le plan quinquennal 2010-2014 avec la meilleure qualité requise. Celui-ci prévoit l'édification de 2,45 millions de logements. Pour ce faire, le secteur a bénéficié d'une enveloppe de 4 500 milliards de dinars, soit l'équivalent de 60 milliards de dollars des 286 milliards de dollars dégagés par l'Etat. Moussa : “2,1 millions de logements livrés entre 1999 et 2011" L'Algérie s'est ainsi engagée pour une diversification de l'offre en fonction des revenus des bénéficiaires à la faveur des financements publics massifs, aux crédits immobiliers, bonification des taux d'intérêt et la révision à la hausse du montant de l'aide de l'Etat. Dans son message, le ministre de l'Habitat, Nourredine Moussa, a rappelé qu'entre 1999 et 2011, 2,1 millions de logements ont été livrés, soit plus de 50% des réalisations globales depuis 1962. “Ces efforts doivent être renforcés puisque le secteur s'est fixé l'objectif de livrer 1,2 million d'unités à fin 2014 avec une cadence de réalisation de 270 000 unités/an", affirme-t-il. Dans un autre registre, le ministère a, dans ses stratégies, pris en compte les changements climatiques aux conséquences désastreuses sur la terre, à savoir les précipitations, l'humidité, le niveau de mer... et sur l'homme, marquées par les déplacements des populations, modification du mode de vie et une déstabilisation géopolitique mondiale... L'Algérie s'est, en outre, intéressée sérieusement aux nouvelles techniques de construction à performance énergétique. La maîtrise de l'énergie et le développement durable dans le secteur de l'habitat ont été recensées parmi les préoccupations des pouvoirs publics pour la réduction des émissions atmosphériques de gaz à effet de serre. À ce propos, un projet-pilote de logement à haute performance énergétique a été réalisé au Centre national d'études et de recherches intégrées du bâtiment (Cnerib). Les chambres de cet appartement occupé par 5 personnes sont équipées de thermostat de façon à assurer une température en hiver de 19°C et en été de l'ordre de 27°C. Pour garantir un environnement sain à l'intérieur, l'air doit être renouvelé continuellement. Dans cette édition, le département de Nourredine Moussa reconnaît que le secteur a enregistré un nouvel élan entre 1999 et 2012. Preuve en est : la construction de logements et d'équipements publics a constitué, selon les rédacteurs, un axe prioritaire des programmes et de l'action du président de la République pendant la dernière décennie. “La mise en œuvre du programme du Président a indéniablement porté ses fruits et la crise du logement a été notablement atténuée", lit-on dans ce numéro spécial. Outre l'amélioration de l'offre en logements selon plusieurs formules, l'Etat se lance aussi le défi de veiller à construire dans le strict respect des règles admises de l'urbanisme et de la modernité et donc d'esthétique et de qualité. Il s'agit, en fait, de s'atteler à concevoir un schéma qui permettra de bâtir la ville algérienne de demain. Les concepteurs la (ville) voient d'ailleurs, à l'horizon 2025-2030, “qualitative, compétitive, attractive et durable, capable de répondre aux besoins de ses habitants, aux mutations qui la traversent et de contribuer à une véritable culture et identité urbaines". Un tel objectif passe impérativement par une régénération urbaine, une qualité de l'urbanisme, de l'architecture, des espaces verts et du patrimoine culturel. La sécurité et la qualité des services publics sont également recommandées.