Israël, le Koweït et l'Iran veulent participer au procès du président irakien déchu et comptent porter plainte contre lui, alors que le gouvernement transitoire irakien insiste pour le juger à Bagdad. “Tous les membres du conseil de gouvernement sont d'accord sur le fait que Saddam doit être jugé en Irak par des juges irakiens”, a déclaré, hier, Hamid al-Kifai, porte-parole du Conseil de gouvernement transitoire irakien. Il a indiqué que les membres du conseil discutaient, actuellement, de la formation du tribunal qui sera chargé de juger le président déchu et précisé que les juges seraient choisis “au plus vite”. M. Kifai a indiqué que Saddam Hussein “était toujours soumis à des interrogatoires de la part des Américains”, qui le remettront par la suite aux autorités irakiennes. “Le procès sera public. Nous voulons qu'il dévoile tout ce qui s'est passé”, a-t-il dit, soulignant que “Saddam a commis des crimes à l'encontre du peuple irakien, il a tué trois millions d'Irakiens et a poussé à l'exode deux millions d'autres”. Mais le procès du président déchu ne doit avoir lieu qu'après l'installation d'un nouveau gouvernement en Irak fin juin 2004, pour éviter toute ingérence “étrangère” dans son déroulement, selon des responsables irakiens. Pour sa part, le ministre de la Justice, Hachem al-Chibli, a rejeté les appels à faire juger Saddam Hussein par un tribunal international. “Nous rejetons les appels à faire juger l'ancien président par un tribunal international et nous soulignons qu'il est nécessaire de le juger en Irak”, a déclaré le ministre à la télévision irakienne, contrôlée par la coalition. “L'Iran, Israël ou d'autres parties sont libres de dire ce qu'ils veulent, mais cela ne nous concerne pas”, a-t-il dit. La justice iranienne a évoqué la possibilité d'un procès en Iran. Quant au gouvernement, il avait indiqué que l'Iran préparait une plainte devant une juridiction internationale contre Saddam Hussein. Le régime iranien souhaite qu'il soit jugé pour les centaines de milliers d'Iraniens morts entre 1980 et 1988 au cours de la guerre que Saddam Hussein a déclenchée contre son voisin. Le Premier ministre koweitien, cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, a estimé mercredi que “le Koweit doit participer au procès de Saddam Hussein pour les agressions et les crimes” commis lors de l'occupation de l'émirat (1990-1991). Quant aux ministres israéliens de la Justice et de la Défense, Yossef Lapid et Shaoul Mofaz, ils ont affirmé que Saddam devrait répondre à son procès des tirs de Scud qui avaient tué deux personnes dans la région de Tel-Aviv, en 1991, et de son soutien aux “opérations terroristes palestiniennes”. À New York, l'ambassadeur des Etats-Unis à l'Onu, John Negroponte, a estimé, jeudi, que des juges non-irakiens pourraient participer au procès. Le Conseil de gouvernement affirme que Saddam Hussein comparaîtra devant le tribunal pénal irakien chargé de juger spécialement les crimes contre l'humanité de l'ancien régime et dont la création a été annoncée le 10 décembre. Cependant, selon Nassir Chaderji, membre de ce Conseil, “tous les Etats, les pays et les individus ont le droit de porter plainte devant ce tribunal”. L'ancien président devra répondre de ses crimes devant un tribunal qui siègera dans son ancien musée personnel, où il exposait notamment les cadeaux qu'il recevait de dignitaires étrangers. Des bancs en bois pour les juges et un box pour les accusés ont déjà été installés dans le bâtiment, construit dans le quartier d'al-Harthiya, au centre de Bagdad, après la guerre du Golfe de 1991. R. I. /Agences