L'objectif recherché, à savoir une condamnation maximale pour l'ex-maître de Bagdad, est apparemment atteint. Le nouveau pouvoir irakien semble pressé de juger Saddam Hussein, à en croire les déclarations de son porte-parole. Ce dernier a affirmé, hier, qu'il y avait “probablement plus de 500 plaintes contre Saddam Hussein mais il n'y a pas de raison de perdre du temps à les examiner toutes”. “Nous avons la certitude que les 12 accusations, bien documentées, portées contre lui sont plus que suffisantes pour qu'il soit condamné au maximum”, a précisé en référence à la clôture de l'instruction de douze plaintes seulement. Les principaux chefs d'inculpation contre le président irakien déchu sont le gazage de la ville kurde de Halabja, l'écrasement de la rébellion chiite (1991), l'invasion du Koweït (1990) et le massacre en 1983 de membres d'une tribu kurde. Le porte-parole du cabinet Al Jaafari a ajouté que “la position du gouvernement est qu'il faut le juger vite”. De son côté, le juge d'instruction, Raëd Jouhi, chargé de l'affaire, avait affirmé la veille que le procès de Saddam Hussein et des autres dignitaires de son régime devrait s'ouvrir dans deux mois. Il a néanmoins laissé planer le doute sur le respect de ce délai en raison du très grand nombre de plaintes déposées contre l'ancien dictateur. “Saddam doit comparaître devant le Tribunal spécial irakien (TSI) dans deux mois dès lors qu'auront été bouclés les dossiers de son inculpation”, a dit le magistrat irakien, qui confirme que la comparution de l'ancien président est tributaire de la fin de l'instruction. “Jusqu'à présent, nous avons bouclé 12 affaires inculpant le président déchu et certains membres de son régime et les rendant passibles de la perpétuité ou de la peine de mort”, a déclaré le juge au quotidien londonien Asharq Al-Awsat. Le 31 mai dernier, le président irakien, Jalal Talabani, avait déjà annoncé l'information sur la chaîne d'information américaine CNN que le procès devrait s'ouvrir d'ici deux mois. Il avait assuré que “le gouvernement irakien déploie des efforts pour préparer le terrain au tribunal qui jugera Saddam Hussein”. Néanmoins, un des membres du collectif de défense de l'ancien chef de l'Etat irakien, l'Italien Giovanni di Stefano, avait alors réagi en affirmant que le procès ne pourrait pas avoir lieu tant que Saddam Hussein n'aurait pas fait l'objet d'une inculpation “en bonne et due forme”. Arrêté en décembre 2003, Saddam a comparu en audiences préliminaires en juillet 2004 devant un magistrat irakien. Ce dernier lui avait signifié sept chefs d'inculpation. Il y a lieu de signaler que l'ex-président avait contesté, dès le début de l'audience, la légitimité du tribunal chargé de le juger. K. ABDELKAMEL