Depuis quelques semaines, les agressions contre les médecins urgentistes ont connu un pic dans plusieurs wilayas. Une situation sans précédent qui a poussé les résidents des différents CHU à multiplier les démarches auprès de l'administration des hôpitaux et de la tutelle, les sollicitant de régler dans les plus brefs délais le problème de l'insécurité au sein particulièrement des pavillons des urgences et des unités de soins intensifs. Après la récente agression contre un médecin de garde au niveau du CHU Mustapha-Pacha et plusieurs incidents de ce genre au sein de l'hôpital de Constantine, c'est au tour du médecin de garde de l'hôpital Ibn Sina de Frenda dans la wilaya de Tiaret, selon des informations rapportées par la presse nationale, mais démenties, hier, par le ministère de la Santé, d'être blessé au sabre samedi dernier vers 20h dans son bureau. Quelques dizaines de médecins se sont rassemblés, dans la matinée de jeudi 26 juillet, devant la direction du centre hospitalo-universitaire Mustapha-Pacha à Alger, en soutien à leur confrère Bachir Guerbas, exigeant l'amélioration des conditions de protection durant les gardes. Au lendemain de cette agression, le CHU Mustapha-Pacha a renforcé la sécurité au niveau des urgences. Mais est-ce suffisant ? Le problème va-t-il être résolu par la seule présence policière au niveau des unités de soins ? Dans une lettre adressée au directeur général du CHU de Béni-Messous dont nous avons pu avoir une copie, les résidents rappellent, à juste titre, qu'ils font face à la frustration et le sentiment d'abandon ressenti par les malades et leurs accompagnateurs, à cause du manque d'infrastructures d'accueil, de personnel, de médicaments d'urgence, de lits d'hospitalisation... Combien de victimes d'un infarctus ou d'un accident de la route ont perdu la vie faute de soins appropriés et prodigués à temps ? Dans cette lettre de contestation, ces résidents qui ont mis le doigt sur la véritable plaie, poursuivent : “Face à cette détresse constante, les médecins résidents des différents services subissent, de manière directe et le plus souvent violente, agressive et irrespectueuse, les pressions exercées par les citoyens, faisant des médecins résidents, principalement, et du reste de l'équipe soignante des ‘boucs émissaires' d'un système de santé défaillant". Ces faits, soutiennent-ils, ont été rapportés à plusieurs reprises à la direction de l'hôpital, sans que des mesures soient prises pour remédier à cette situation préoccupante. En effet, presque plus rien ne fonctionne dans notre secteur de la santé, incapable de fournir ni le médicament ni l'explication de sa pénurie. Il faut savoir que la défaillance des unités de soins intensifs a été, à maintes reprises, soulevée et constitue même un frein sérieux à la transplantation d'organes à partir de donneurs en mort encéphalique. Le président de la société algérienne de transplantation d'organes, a estimé récemment qu'avant de procéder au prélèvement d'organes sur les cadavres “l'environnement doit être adéquat et décent pour inspirer confiance aux familles des donneurs et receveurs. Ainsi, ce sera plus facile de demander à la famille de la personne décédée l'autorisation de prélever un organe". De l'avis de cet éminent spécialiste, tout n'est pas entrepris pour sauver les malades. Alors si la colère et la violence des accompagnateurs des patients en état grave envers les médecins ne peuvent être tolérées, on ne peut néanmoins pas omettre les carences qui les provoquent et qu'il faut prendre en charge rapidement.