Mendier peut, désormais, conduire en prison. La direction de l'Action sociale (DAS) de la wilaya d'Oran vient de lancer, sur instruction du ministère de tutelle, une enquête sur le terrain pour recenser les mendiants professionnels qui sillonnent les principales rues de la ville, souvent accompagnés d'enfants, parfois en très bas âge et même des nourrissons. Ces mendiants professionnels les utilisent pour susciter la pitié des passants et du coup réaliser de bonnes recettes durant la journée. La DAS va mettre en place un fichier wilaya des mendiants professionnels qui risquent de lourdes peines de prison et le retrait des enfants. Un projet de loi est en gestation au ministère de la Solidarité nationale et de la Famille pour sévir contre ces mendiants professionnels. La chasse aux mendiants professionnels sera bientôt ouverte avec l'appui d'une loi en cours de préparation. Ce texte prévoit de lourdes sanctions allant jusqu'à des peines de prison pour les parents utilisant leurs enfants. Le ministre de la Solidarité nationale et de la Famille avait déclaré fin décembre dernier, en réponse à une question sur la mendicité au Conseil de la nation, qu'une cellule composée de représentants de plusieurs secteurs a été installée en vue de proposer une batterie de mesures dans le cadre d'un projet de loi. Il s'agit de dispositions dissuasives en matière de lutte contre la mendicité. Ce texte de loi qualifié de «rigoureux» vise à lutter contre les réseaux de mendicité. «Ce nouveau texte législatif est même en cours d'élaboration», avait précisé le ministre. Dans le cadre de cette loi, des sanctions très sévères seront prises contre les parents qui utilisent leurs enfants dans la mendicité dont des «peines d'emprisonnement, le retrait des enfants aux parents qui les exploitent dans la mendicité et leur placement dans des centres spécialisés pour les protéger et garantir leur sécurité». Une enquête nationale a été lancée par le ministère pour mettre la lumière sur la mendicité organisée dans les grandes villes du pays. Dans le centre-ville d'Oran, ils sont des dizaines de mendiantes à utiliser des enfants. Aujourd'hui, ce n'est plus un secret pour personne, tout le monde reconnaît que certaines mendiantes recourent à la location de bébés et d'enfants âgés entre 2 et 10 ans pour mendier sur la voie publique. Une attitude vivement condamnée par la société civile. Chaque jour des femmes, des hommes et des vieillards viennent des localités limitrophes de la ville (haï Bouamama, haï Nedjma, Aïn El Beida) pour faire la manche. On les voit un peu partout devant les mosquées, les marchés, les boucheries, les boulangeries, etc. Ces mendiants professionnels gagent souvent plus qu'un fonctionnaire. La recette moyenne d'une seule journée de mendicité peut s'élever à 1.000 voire 2.000 dinars. Les Oranais se souviennent de la vieille mendiante qui a été découverte non loin de la prison de M'dina J'dida avec 85 millions de centimes sous un carton.