On attendait la confirmation de la candidature de Bouteflika. Voilà qui est fait, depuis l'appel d'Ouyahia qui, tout de même, n'aurait pas soutenu un non candidat. Faute d'avoir la déclaration du candidat, on a celle du vice-candidat. L'actuel président est le candidat du RND, en attendant d'être celui d'un éventuel FLN “redressé”. Et les accords à venir avec les partis islamistes légaux qui n'ont plus que le choix d'une existence institutionnelle. De toutes manières, la pratique politique et le verrouillage de la vie publique font qu'aujourd'hui, aucune option ne peut avoir de réelle existence que dans l'état. Sans un minimum de présence officielle, il n'y a plus d'existence politique : la répression et le monopole médiatique étouffent toute expression non intégrée dans les instances. Le ressentiment populaire envers la chose politique, du fait d'une uniformisation culturelle de la classe politique et d'une activité publique “camisolée”, ajoute à l'impopularité de l'action partisane. L'Algérie, qui voulait s'émanciper du système d'appareil — au singulier — est retombée dans un système d'appareils — au pluriel. Le multipartisme remplit le rôle de vitrine démocratique d'un régime oligarchique. Les appareils sont importants, parce qu'ils constituent l'ultime légitimité des hommes politiques et des candidats. Tout se négocie à partir de ces structures. Le FLN, appareil éprouvé et performant, constitue le vaisseau idéal pour aborder la présidence de la république, maintenant que le poids frauduleux du RND a été rectifié. Bouteflika n'a pas d'autre issue que de se l'approprier pour rendre incontestable une victoire qui s'obtiendra forcément dans une “consultation restreinte”. L'abstention reste, dans l'ambiance justifiée de suspicion sur l'honnêteté des élections nationales, la seule voie de contestation pour des citoyens massivement désabusés. Cela facilitera, peut-être, la trituration des résultats, mais cela diminuera d'autant la part du vote dans le résultat électoral. Cette abstention sera probablement d'une exceptionnelle importance. Le seul artifice qui pourra la juguler, mais que le régime est incapable d'envisager, c'est de proposer de nouvelles têtes au choix des Algériens. En tout état de cause, la campagne du président sortant, largement, mais implicitement entamée, prendra certainement une autre allure avec l'engagement du secrétaire général du RND et néanmoins chef du gouvernement. Dans ce “ticket” prometteur, Ouyahia apporte à Bouteflika en plus d'une structure, l'engagement d'un gouvernement et d'une majorité sénatoriale. En attendant l'épilogue à hauts risques du “redressement” et l'éventuelle récupération de l'instrument FLN, le dispositif d'une guerre totale est mis en place. Dans cette bataille pour les appareils, se dessine le résultat de la bataille politique. Les Algériens ont appris à connaître leur président avant de l'élire. Dans son assurance et dans la concentration de forces dont il dispose. C'est pour cela qu'ils ne veulent pas ajouter à leur frustration en allant voter. M. H.