À l'initiative des éditions Barzakh, la capitale des Hammadites a accueilli, en marge des 3es rencontres cinématographiques, des artistes, des journalistes et écrivains autour du dialogue interculturel en Méditerranée. Territoire Méditerranée, un projet intellectuel complet, un ouvrage du même titre, une représentation sur la thématique des rapports à l'espace et à la ville, et un débat, sans cesse renouvelable autour de la création et du dialogue interculturel. En présence de Yacine Temlali (journaliste indépendant), Caroline Coutau (journaliste, éditrice de Genève) Pierre Hadj Botros et Anne Laufer (Prohelvetia, fondation pour la culture suisse) et Samir Abdallah (réalisateur de Ecrivain des frontières), la rencontre entre dans le cadre de la présentation de l'ouvrage collectif Territoire Méditerranée (éditions Labor et Fides, Genève 2005), les éditions Barzakh, en partenariat avec Prohelvetia, à Alger. La rencontre a débuté par une projection de “présentation” (performance) des images de la capitale libanaise, au lendemain de la guerre fratricide qu'a vécue le pays une quinzaine d'années durant. Des images poignantes sur les dégâts et la défiguration qu'a subis Beyrouth, des représentations qui démontrent la rupture de la ville avec son passé et l'absence de la notion de l'espace chez les Beyrouthins. Une notion perdue avec la perte de l'espace lui-même. Riche en sens, les images témoignent de la mort, de tout ce qui a accompagné la destruction, notamment la destruction culturelle. Les images, qui se suffisent à elles-mêmes, sont accompagnées de voix par Pierre Hage Boutros et Rana Haddad, qui lisent des commentaires poignants, mais pas avant d'avoir allumé deux bougies sur la scène du théâtre régional de Béjaïa qui où s'est déroulée la rencontre. La suite est un long débat sur le rapport à la ville après un drame. D'emblée, Sofiane Hadjadj, écrivain, souligne les similitudes entre ce qu'ont vécu les deux capitales algérienne et libanaise. “Comme Beyrouth, Alger a vécu le drame de la guerre civile. C'est pourquoi il est important de savoir comment les artistes libanais ont pu parler de leur drame à travers leur art.” Le débat tournera également autour du thème de “La place du dialogue interculturel et du rôle de l'art dans le travail de deuil”. Partant d'un questionnement d'actualité : “Le dialogue interculturel est-il un concept de sens ?”, écrivains, journalistes, éditeurs et hommes de cinéma (un large parterre de festivaliers), la rencontre a été une occasion pour dire les liens solides qui unissent les créateurs, chacun selon son appartenance culturelle, souvent en partant de leur relation avec l'autre. Les intervenants se sont accordés à souligner l'importance de la création artistique dans les pays d'après-guerre et son rôle thérapeutique. Le travail artistique d'après la crise a été largement analysé dans un des premiers numéros de la revue Naqd, représentée en cette occasion par le sociologue Dahou Djerbal, fondateur et directeur de la revue. W. L.