Un sommet européen extraordinaire sur le budget sera mis sur pied à la fin du mois de novembre pour permettre aux chefs d'Etat et de gouvernement des 27 de finaliser le cadre financier de l'Union européenne jusqu'à l'an 2020. En principe, cette question aurait dû être tranchée lors du prochain sommet automnal prévu les 18 et 19 octobre à Bruxelles mais de fortes divergences persistent entre contributeurs et bénéficiaires du budget européen. La réunion du mois d'octobre, consacrée essentiellement à la crise de l'euro, sera probablement le théâtre d'importants remous et le temps manquera certainement pour évoquer à la fois le sauvetage économique de pays comme la Grèce ou l'Espagne et la fixation du cadre financier de l'Union. Dans cette perspective, la nécessité pour les Européens de poursuivre leurs négociations en vue d'aplanir leurs divergences se fera cruellement ressentir pendant les quelques semaines supplémentaires qui sépareront le sommet d'octobre de la rencontre extraordinaire du mois suivant. L'enveloppe globale du budget de l'Union européenne, qui s'étend sur une période de sept ans, constitue le principal mécanisme de redistribution des 27. Au total, la Commission européenne avait proposé en juin 2011 des dépenses d'un montant de 1 083,3 milliards d'euros pour la période 2014-2020, soit 1,11% du PIB européen et 5% de hausse par rapport à la période 2007-2013. La proposition de la Commission avait néanmoins suscité une levée de boucliers de plusieurs Etats membres, Royaume-Uni en tête, opposés à toute augmentation du budget. La France, l'Allemagne, l'Autriche, la Finlande, les Pays-Bas et la Suède, tous contributeurs nets, se sont alignés sur la position du Royaume-Uni en se déclarant même partisans d'une réduction drastique du futur budget de l'UE jusqu'en 2020 alors que d'autres pays (dont la Belgique) plaidaient pour sa hausse significative. Les Européens s'opposent aussi sur les priorités à accorder par exemple aux régions défavorisées ou sur la question du maintien ou non des aides agricoles. Il faut en effet savoir que la politique agricole commune représente à peu près 40% du budget européen et la France en est le premier Etat bénéficiaire... Une réunion informelle préparatoire vient de se dérouler mercredi dernier à Chypre. Cette rencontre a permis, une nouvelle fois, de mettre en évidence les franches oppositions entre les partisans d'un budget européen ambitieux et ceux qui, au contraire, prônent un budget pluriannuel minimal. Le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders déplore que la France se soit rangée dans la seconde catégorie et il voit une contradiction entre l'engagement initial de l'actuel président français en faveur de la croissance et les positions défendues par ce pays à la réunion préparatoire de Chypre. Ainsi François Hollande, qui met en exergue le paquet de 120 milliards d'euros adoptés sous son initiative par les responsables européens, pourrait, selon le chef de la diplomatie belge, voir ces investissements disparaître du budget si les contributeurs nets obtiennent de le raboter. “On ne peut pas plaider pour la croissance et en même temps pour un budget européen en diminution", a observé le ministre belge des Affaires étrangères. Le budget de l'Union, en cette période d'austérité, constituera sans nul doute l'un des points d'orgue du calendrier européen de cette fin d'année 2012. A. A.