La contribution nette du Royaume-Uni au budget européen a doublé en trois ans, révèle le rapport financier sur le budget de l'UE 2010 publié, hier, par la Commission européenne. Londres, qui exige une réduction des dépenses de l'UE, a contribué pour 12,1 milliards d'euros au budget 2010 et a bénéficié de 6,7 milliards d'euros des fonds alloués dans le cadre des politiques communes, dont 3,9 milliards au titre de l'agriculture, une politique pourtant vouée aux gémonies par les dirigeants britanniques. Le Royaume-Uni avait versé 10,1 milliards d'euros en 2008 et reçu cette année-là 7,3 milliards d'euros. Trois raisons sont à l'origine de cette situation, explique la Commission. La première est la mise en œuvre de l'accord signé en 2007 par le Premier ministre travailliste Tony Blair pour une réduction progressive du rabais obtenu en 1984 par Margaret Thatcher. Le chèque, financé en majeure partie par la France et l'Italie, est passé de 6,2 milliards en 2008 à 3,5 milliards en 2010. Une deuxième explication tient à une différence de change entre la livre sterling et l'euro défavorable au Royaume-Uni, qui refuse d'adopter la monnaie européenne. La troisième raison est l'enrichissement du Royaume-Uni. Les contributions des Etats sont calculées sur leur PIB. Le Premier ministre britannique, le conservateur James Cameron, a pris la tête de la fronde des Etats membres pour imposer un gel des dépenses de l'UE sur la période 2014-2020. Il a rallié la France, l'Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas, l'Autriche, le Danemark, l'Italie et la Suède, tous contributeurs nets. La contribution nette de l'Allemagne est de 9 milliards d'euros en 2010, soit 2 milliards de plus qu'en 2008. Celle de la France reste égale à 5 milliards. Les deux principaux bénéficiaires en 2010 sont l'Espagne (4 milliards d'euros) et la Pologne (8 milliards d'euros). Le commissaire chargé du budget, Janusz Lewandowski, a jugé simpliste et trompeur de se livrer à une comparaison entre les montants que versent les Etats membres et ceux qu'ils reçoivent pour déterminer les avantages de l'adhésion à l'UE. Selon le commissaire polonais, une telle comparaison néglige d'autres avantages, comme les contrats attribués aux entreprises privées dans le cadre de la politique de cohésion. Les Etats ont engagé un bras de fer avec Bruxelles sur le budget 2012 et sont déterminés à le plafonner à l'avenir. Ils ont ainsi limité les dépenses pour 2012 à 129,08 milliards d'euros, amputant la proposition de la Commission de 3,65 milliards. Le projet de budget proposé par Bruxelles pour 2012 prévoyait 132,7 milliards d'euros pour les dépenses, contre 126,5 milliards en 2011, soit une hausse de 4,9%. Le budget communautaire est le principal mécanisme de redistribution au sein de l'Union. Il est essentiellement constitué par les contributions des Etats, complétées par des prélèvements sur les droits de douane (12% du budget).