Résumé : À son retour chez-elle, Sara trouve sa sœur Ghania et ses petits neveux. Elle est heureuse de retrouver un peu d'ambiance dans la maison. Elle prépare le dîner, puis s'attaque à la vaisselle. Ghania vint l'aider. Elles entament une conversation sur les soins dentaires. Sans réfléchir Sara lui parle de son dentiste et lui avoue qu'il veut l'épouser. Elle était en train d'essuyer les assiettes et suspendit son geste. Elle se mordit la langue puis les lèvres. Elle venait de débiter une phrase qu'elle n'avait pas préparée... Ghania la regardait sans rien dire. Elle tenait un verre sous le robinet d'eau et ne semblait pas prête à le rincer. Sara dépose la serviette et l'assiette qu'elle venait d'essuyer. Elle ferme le robinet d'eau qui coulait dans le vide et prend le verre des mains de sa sœur. - Viens Ghania... Assieds-toi un moment... Je vais tout te raconter. Sans laisser le temps à sa sœur de poser des questions qu'elle pourrait juger indiscrètes, Sara se met à lui narrer son aventure chez ce dentiste qui non seulement voulait traiter ses dents, mais aussi faire d'elle la compagne de ses jours. Elle n'omettra aucun détail, et ira jusqu'à certifier à Ghania qu'elle trouvait qu'il précipitait trop les choses, et que c'était pour elle, trop beau, mais trop rapide aussi. Ghania l'écoute jusqu'au bout. À la fin du récit, elle lance d'une voix plutôt gaie : - Tu me cachais des choses... hein petite sœur... - Je t'assure qu'il y a à peine quelques heures que Yacine m'a proposé le mariage et... Ghania lève sa main et l'interrompt : - J'ai tout saisi. Voyons, je ne suis pas née de la dernière pluie Sara. - Alors, qu'en penses-tu ? Ghania sourit : - Parfois le destin prend des tournures inattendues. Mais le seul juge dans cette affaire c'est bien toi. Cet homme te plaît-il assez pour que tu consentes à partager ta vie avec lui ? - Ma foi... oui ! Il est beau, jeune, et ne semble pas idiot... - Alors, tu as bien fait d'accepter sa proposition. Quand enverra-t-il ses parents ? - Je n'en sais rien... Mais je pense que ça sera pour bientôt . Cependant, il y a quelque chose qui me fait encore hésiter Ghania... - Quoi donc ? - J'ai l'impression d'avoir rêvé toute la scène de tout à l'heure. Ne trouves-tu pas qu'on ne se connaît pas encore assez, Yacine et moi, pour décider de nous unir ainsi ? - Non... Pourquoi attendre de se connaître... À trop vouloir perfectionner les choses, on se goure souvent, et c'est là où ça ne marche plus. - Tu as pourtant connu ton mari. Tu enseignais avec lui... - Oui... mais je ne le voyais pas souvent pour le connaître assez. Moi aussi avant de me lier à lui... j'étais encore une novice dans l'enseignement, alors que Djamel avait déjà de longues années d'expérience. Lorsqu'il a demandé ma main, je n'en revenais pas . Au fond, j'étais secrètement amoureuse de lui... C'était le cas pour lui aussi... mais nous ne nous sommes confié l'un à l'autre que bien plus tard, lorsque nous étions devenus mari et femme. - Tu ne regrettes rien donc ? - Non. Je peux dire que j'ai beaucoup de chance... Combien de filles de ma génération sont-elles encore là à se morfondre dans leur solitude en espérant qu'un jour la providence va leur envoyer un compagnon pour le restant de leurs jours ? Rien qu'à cette pensée, j'en ai froid au dos. Tu imagines un peu la vie d'une vieille fille... ? Un avenir sombre, et de longues journées d'angoisse. Grâce à Dieu, j'ai pu faire ma vie au moment opportun, et ne t'amuse pas à rater la tienne Sara. Sara ne répondit pas tout de suite. Elle se sentait heureuse mais un peu mélancolique. Yacine semble l'aimer sincèrement, et n'était pas passé par quatre chemins pour lui déclarer son intérêt pour elle. Que voulait-elle donc au juste ? Elle repense à ses parents. On les avait mariés alors qu'ils étaient encore des adolescents. Comme tous les couples de leur génération, ils ne s'étaient connu qu'après leurs noces. Et pourtant ils avaient vécu heureux et comblés... Leur vie a été un fleuve tranquille. Elle revint vers sa sœur et lance : - Yacine connaît tout de moi en fait. Il m'a suivie et a dû enquêter pour connaître mon âge, ma situation de famille, ma profession... - Quel mal y a-t-il a cela... ? Tu n'as rien à cacher je présume ? Elle rit : - Oh Sara ma chérie ! Tu n'as plus l'âge de jouer à la fine bouche. Je pense que le destin a déjà décidé pour toi... - C'est ce que je me disais aussi. (À suivre) Y. H.