Le procédé est conforme aux mœurs politiques des partis-maison : sitôt tombé en disgrâce, du moins en apparence, qu'Ahmed Ouyahia essuie déjà les feux des critiques du mouvement de sauvegarde du RND, un mouvement né il y a quelques mois et piloté par des figures proches de certains cercles de la décision. Hasard du calendrier ou concours de circonstances, c'est le lendemain même de son “remerciement" par Bouteflika, que ses détracteurs au sein du parti se réunissent à Alger, en prévision d'une conférence des cadres et militants du parti de la région ouest prévue à la mi-septembre, ressortent la grosse artillerie pour réitérer leur appel à sa destitution de la tête du parti. “Le RND ne peut retrouver son lustre d'antan, la place qui lui convient et ses objectifs nobles pour contribuer au parachèvement du redressement national qu'avec le départ, tôt ou tard, d'Ouyahia de la tête du RND", note un communiqué de ce mouvement publié vendredi. Les griefs contre le désormais ex-Premier ministre sont nombreux : “Perte du RND de sa place et de son influence sur la scène politique", “perte de sa place au sein des assemblées élues", “le parti a pâti de l'impopularité d'Ouyahia", “absence de réflexion, de dialogue et débat au sein du parti", “confusion dans certaines positions du parti", “absence de discours rassembleur et cohérent autour d'une vision claire d'un projet de société" et enfin “encouragement de la médiocrité au détriment des compétences". D'ores et déjà, les signataires du communiqué, en l'occurrence Tayeb Zitouni, Nouria Hafsi, Ahmed Boubrik, Belkacem Benhassir, Kamel Belkheir, Ali Kouri et Tounsi Boussahia font porter la responsabilité d'un éventuel échec du parti aux prochaines élections à Ahmed Ouyahia, en raison, selon eux, de la “politique du bricolage" et de “l'exclusion" des cadres. Ils lui reprochent également le fait d'avoir ouvert les listes à des personnes étrangères au parti, histoire, soutiennent-ils, de dissimuler “l'hémorragie des cadres qui touche le parti en raison de la non-gestion, l'exclusion et l'autoritarisme". Face à cette situation, les signataires appellent les “cadres acquis au mouvement de sauvegarde du RND à défendre leur droit, à se porter candidat, à poursuivre la lutte en cas d'exclusion des listes et à ne pas rejoindre d'autres partis". “Car le parti n'est pas une priorité privée comme le prétend la prétendue direction actuelle qui s'entredéchire pour des intérêts et monnaye les postes au sein des structures du parti et des listes", accuse le mouvement. Ils les appellent, enfin, à se mobiliser “plus que jamais autour du mouvement de sauvegarde pour hâter la libération du parti d'Ouyahia". K.K