Le SG du FLN est revenu sur le changement du gouvernement, il a évoqué les locales du 29 novembre, le mouvement de redressement ainsi que le rapport des observateurs de l'UE. Le Front de libération nationale (FLN) ne donne pas de chèque en blanc au gouvernement du nouveau Premier ministre Abdelmalek Sellal. C'est du moins ce qu'a expliqué, hier, Abdelaziz Belkhadem à l'occasion de l'université d'été organisée par le parti à Tipasa. Devant un important parterre de participants composé de 600 personnes, selon les organisateurs, et en l'absence des ministres et des figures de proue du parti, Belkhadem a indiqué lors de son allocution d'ouverture que “le travail du gouvernement reste soumis au contrôle du pouvoir législatif, ce qui veut dire la majorité parlementaire qui est issue du FLN, et laquelle majorité nous a été accordée par le peuple". Même si Belkhadem compte contrôler le nouveau gouvernement à travers l'action parlementaire, il n'en demeure pas moins qu'il le soutient. Et il explique pourquoi : “Le gouvernement désigné par le président de la République conformément aux dispositions de la Constitution amendée comporte en son sein des ministres du parti qui prennent en charge des ministères importants", dit-il, avant d'enchaîner : “nous, au sein du FLN, nous soutenons la composition de ce gouvernement car désigné par le président de notre parti et aussi parce que nous sommes rassurés de son orientation surtout s'agissant du plan de travail que prépare Sellal qui est conforme au plan quinquennal 2010-2014". “C'est ce même plan que nous avons examiné lors des dernières élections législatives du 10 mai et que nous porterons lors des locales du 29 novembre prochain." Evoquant les élections législatives du 10 mai, Belkhadem a rappelé la position des observateurs internationaux qui ont donné du crédit à ce scrutin : “Personne ne pourra donc nous complexer sur les conditions de la tenue de ces élections et sur le nombre de sièges que nous avons obtenus. Mais notre responsabilité sera plus grande et le peuple ainsi que l'opinion publique nous demanderont des comptes", lance-t-il avant de rebondir : “nous rassurons l'opinion publique, qui nous a donné la majorité, que nous allons soutenir, orienter et contrôler le gouvernement tant qu'il sera fidèle au peuple et à son service." Le terrorisme a été vaincu Evoquant le bilan du cinquantenaire de l'Indépendance qui est aussi le thème de l'université d'été du parti, Belkhadem a estimé que “la plus grande réalisation de l'Algérie depuis 1999, c'est la réconciliation nationale". “Il faut, dit-il, poursuivre dans cette voie." Dans ce cadre Belkhadem estime que “le terrorisme a été vaincu en Algérie et a été totalement paralysé". “Il y a eu depuis 1992 un extrémisme religieux qui a failli toucher aux fondements de l'Etat, mais heureusement que la sécurité est revenue." Enchaînant sur la contestation au sein de son parti, le SG du FLN a estimé que “la contestation a échoué dans tous les combats qu'elle a menés. Ils ont tout d'abord créé un mouvement de redressement, puis des structures parallèles, multiplié les communiqués, ils ont rassemblé des signatures, organisé des sit-in et se sont même exprimés sur les chaînes satellitaires, mais ils ont échoué dans tous leurs combats". “On a dit que j'ai démissionné, mais je suis là et avec la direction du parti au même titre que le Président est là puisqu'il a reçu hier des ambassadeurs", a-t-il dit. S'adressant à la contestation, il la ciblera en disant : “si vous vivez sur la base du mensonge, il se trouve que les mensonges ont la vie courte, mais si vous avez des idées, venez les exposer au sein des structures du parti." Les redresseurs et le “courage de Belkhadem" La contestation au sein du FLN n'est pas restée sans voix, après les déclarations du SG du parti à son encontre : “Avant de nous accuser de mensonge, il (Belkhadem, Ndlr) doit d'abord répondre à ceux (Khaled Nezzar, Ndlr) qui l'accusent de mensonge sur les chaînes satellitaires", a réagi hier Mohamed Seghir Kara, coordinateur du mouvement de contestation au niveau national et ancien ministre du Tourisme. “Mais nous savons qu'il n'a pas le courage puisqu'il n'a pas tenu sa promesse en répondant à Bordj Bou-Arréridj comme annoncé. Il a seulement le courage d'humilier et de marginaliser les véritables militants du FLN", argue-t-il. Kara dit regretter le fait que Belkhadem n'a rien trouvé de mieux à faire que de critiquer le mouvement de contestation au lieu de saisir l'occasion du cinquantenaire de l'Indépendance pour évoquer la rentrée sociale ainsi que les problèmes qui se posent au pays. La dérive financière Dans le même temps, il critique l'université d'été du FLN qu'il considère “comme un folklore destiné uniquement aux médias". “L'université d'été est censée être un espace de discussions et de débats avec les militants et non pas avec les députés qu'il a désignés et qui viennent en contrepartie le soutenir". Revenant sur les déclarations de Belkhadem selon lesquelles la contestation a échoué, Kara estime que “le simple fait qu'il nous évoque est une preuve suffisante que nous existons et que nous comptons sur la scène politique nationale". “Nous lui disons, lui qui a fait un bilan de l'évolution du mouvement de redressement, que quand nous avons commencé notre combat contre ses dérives, nous pouvions être comptés sur les doigts d'une seule main. Mais à présent, nous avons beaucoup évolué et nous avons même 180 membres du comité central (CC) qui nous soutiennent", dit-il avant de préciser qu'“il y a 41 autres membres du comité central qui ne veulent pas signer contre sa politique, ce qui veut dire que nous sommes au total 220 membres du CC qui le contestons". Dans le même ordre d'idées, Kara lance un défi à Belkhadem : “On le défie d'organiser une assemblée générale avec les militants dans n'importe quelle mouhafada du parti à travers le territoire national sans les baltaguia." Dans ce cadre et pour mieux illustrer le désaveu des militants de base à l'actuel SG du parti, Kara révèle que “l'ensemble des locaux du FLN à travers le territoire national sont fermés faute de combattants, c'est-à-dire les militants". Evoquant les soutiens actuels de Belkhadem, l'ancien ministre du Tourisme indique que “la composante humaine qui est actuellement avec lui ne comporte pas de membres dirigeants, ne contient pas non plus de militants de la deuxième génération ni même pas de jeunes". “Les seuls qui sont avec lui ce sont les baltadguia que lui qualifie de jeunes", a encore indiqué Kara qui revient à la charge en dénonçant les dérives politiques, idéologiques, éthiques, organiques et financières du SG du parti. “Toutes ces dérives, nous pouvons les combattre, la seule dérive pour laquelle nous demandons une commission d'enquête c'est la dérive financière", dit Kara précisant qu'“il y a un proche de Belkhadem, qui se trouve être un membre du bureau politique du parti, qui a déclaré dans la presse que par rapport à des milliards que nous avons reçus j'ai demandé à Belkhadem de les faire rentrer dans un compte, mais il a refusé". “C'est dans le but de faire la lumière autour de cette affaire que nous demandons une commission d'enquête pour comprendre ce qui se passe au sein du FLN", a conclu Kara. N.M