La Tunisie ne cesse de verser dans le flou le plus total au vu de ce qui se passe ces derniers mois. La situation est des plus confuses et ne saurait revenir à la normale de sitôt. Ainsi, un homme a été arrêté, mardi, pour avoir dégradé le mausolée abritant la tombe de l'ancien président tunisien, Habib Bourguiba, dans sa ville natale de Monastir située à 160 km au sud de la capitale, a-t-on indiqué de source sécuritaire. Selon la même source, l'individu, arrêté sur ordre du parquet, portait une barbe sans préciser s'il appartient à un courant islamiste. “L'homme en question est arrêté pour la profanation du mausolée du leader Bourguiba", a indiqué cette source, citée par l'agence tunisienne TAP. L'homme barbu s'est présenté à l'intérieur du mausolée comme un simple visiteur avec un bouquet de fleurs à la main, avant de franchir le cordon de sécurité placé autour de la sépulture pour se saisir d'un exemplaire du Coran placé en permanence sur le tombeau. Les tableaux accrochés sur les murs retraçant l'histoire et le parcours de Bourguiba dans l'une des pièces du musée attenant ont carrément été jetés à terre par l'homme qui a été rapidement maîtrisé par les gardiens, précise la même source. La radio régionale, Jawhara FM, qui a diffusé l'information, n'a pourtant pas manqué d'affirmer que le mis en cause appartiendrait au courant salafiste dont les partisans ont mené plusieurs coups d'éclat dans le pays ces derniers mois. Dans la soirée de mardi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled Tarrouch, a confirmé les faits, parlant de l'arrestation d'un “homme barbu". Mais curieusement, ce même responsable s'est refusé d'affirmer l'appartenance salafiste de l'individu arrêté. Rien d'étonnant dans la mesure où le porte-parole est membre du parti Ennahda. Bref, le mausolée de Bourguiba — un somptueux ensemble avec sa coupole dorée et ses deux minarets — avait été construit de son vivant pour abriter sa tombe et celles des membres de sa famille, dans le centre de Monastir. Cette ville symbole avait accueilli en mars un rassemblement de l'opposition se réclamant de l'héritage politique moderniste du “père de l'indépendance" autour de l'ex-Premier ministre, Béji Caïd Essebsi, qui a fondé le parti L'Appel de la Tunisie. Premier président de la Tunisie (1956-1987), Habib Bourguiba est décédé en avril 2000 à l'âge de 97 ans après avoir vécu en reclus pendant 13 ans à la suite de sa déposition par le président déchu Zine El-Abidine Ben Ali.