La presse tunisienne commémorait vendredi la mort du père de l'indépendance Habib Bourguiba, décédé il y a 12 ans, saluant à l'unisson un personnage "visionnaire" en dépit de son legs controversé."Bourguiba est mort, vive la modernité", titre le quotidien francophone La Presse, tandis que les quotidiens arabophones Chourouk et le Maghreb évoquent en une "le retour du bourguibisme". "Un homme d'Etat qui a lutté contre l'ignorance et la pauvreté", titre pour sa part le quotidien Essabah, avant d'ajouter: "mais..." Premier président après l'indépendance en 1956, Habib Bourguiba avait été déposé en novembre 1987 par Zine El Abidine Ben Ali, et est décédé le 6 avril 2000.Il est considéré comme le père de la Tunisie moderne mais aussi comme un despote, voire un dictateur. "Certes, la démocratie n'était pas son fort et son règne a été un véritable one man show. Mais il a conduit une véritable révolution sociale de modernisation (...) avec des victimes aussi, des traitements musclés, de la torture et quelques assassinats politiques", résume un éditorial de La Presse. "Ce qui est acquis désormais, c'est que le premier président de la République tunisienne ne laisse personne indifférent", ajoute le quotidien. Le président de la République Moncef Marzouki s'est rendu vendredi matin à Monastir (centre-est), la ville natale de Bourguiba, pour se recueillir sur la tombe de l'ancien leader. Plusieurs responsables politiques tunisiens se réclament désormais de la "pensée bourguibienne" et un grand meeting avait réuni fin mars à Monastir des milliers de personnalités, dont l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, qui tente de fédérer plusieurs partis pour former une opposition crédible face à la majorité dominée par les islamistes d'Ennahda.