Résumé : Smaïl lui a envoyé une jolie robe et une chaîne en or qu'elle porte à son cou. Il lui a aussi écrit une lettre d'amour, empreinte de douleur. Il lui rappelle leur serment. Le lendemain, elle rentre à Chlef où elle subit l'interrogatoire familial. Elle a réponse à tout. Elle a tout prévu sauf qu'en la sachant “guérie", sa famille voudrait vite la marier... Aïda voudrait voir Boualem, mais son cabinet est à l'autre bout de la ville. Le matin, c'est son père qui l'accompagne à l'hôpital. À midi, il vient l'emmener déjeuner. C'est aussi lui qui la ramène à la maison. En chemin, il lui propose de s'arrêter pour faire les boutiques, mais ensemble. Alors elle y renonce. Quand elle demande à sa mère son numéro de téléphone, celle-ci lui répond qu'elle a celui de ses parents. - A part leur dire que je ne veux pas d'eux dans ma vie, je n'ai rien d'autre à leur dire ! - Ma pauvre petite, tu ne veux pas grandir, soupire Karima. Ce sont des gens très bien, peut-être même que tu ne le mérites pas ! - Tu connais mes sentiments, dit la jeune fille, désespérée. Pourquoi tu ne m'écoutes pas ? Pourquoi tu n'en parles pas à papa ? - J'aurais voulu faire quelque chose pour toi, lui affirme Karima. Mais ton père ne veut rien entendre, il a donné sa parole et tu le connais, il ne reviendra jamais là-dessus ! D'ailleurs, Boualem viendra avec ses parents après-demain ! Tu auras l'occasion de voir de toi-même que c'est quelqu'un de bien ! Aïda comprend par l'attitude ferme de sa mère qu'elle perd son temps à discuter. Ses parents allaient la mettre devant le fait accompli. Elle n'avait pas d'échappatoire ni de solution à son problème. Vu l'insistance de Boualem à la vouloir pour femme, elle devait lui avoir fait grande impression. - J'aurais aimé le voir avant, dit-elle à sa mère. Pour faire un peu mieux connaissance. Pour voir si on a les mêmes goûts... Elle voit sa mère sourire, comme si elle devinait ce que se tramait dans sa petite tête. - Il ne viendra pas avant, lui répond-elle. Je sais qu'il est très occupé et qu'il ne se libère pas avant 18h... Je voulais aussi te prévenir que demain tu ne travailleras pas ! Ton père a avisé le chef de service et il t'a accordé deux jours de repos ! Aïda éclate d'un rire sans joie. - Je viens à peine de commencer à travailler que papa tente de tout contrôler... Je me serais bien passée de sa sollicitude ! Ainsi, il veut me garder enfermée jusqu'à la visite de ce charmant prétendant ! Il veut me rendre folle ou quoi ? Tu sais que je ne veux pas de lui alors... Pourquoi me torturer ? - Tu sais que c'est ton père qui décide... Pourquoi me faire des reproches ? Je n'y suis pour rien ! D'ailleurs, je crois qu'il fait bien en voulant te garder à la maison ! Je suis sûre que tu penses à fuguer ! - Si Smaïl n'était pas à l'armée, tu peux être sûre que j'aurais déjà plié bagage ! Aïda est malheureuse, elle est si peinée qu'elle s'enferme dans sa chambre. Elle ne touche plus à la nourriture et évite les regards. Elle ne veut pas discuter avec eux, même avec ses sœurs, car ce sont des discussions stériles. Karima a fini par parler à son mari du refus de leur fille de se marier. Elle ne lui a pas parlé de sa relation amoureuse, ne voulant pas le rendre suspicieux. S'il savait pour Smaïl, il est évident qu'il la marierait sur-le-champ de crainte d'être déshonoré. - Il saura la rendre heureuse... Elle finira par se rendre compte qu'elle n'aurait pu trouver meilleur mari ! - Elle a peur de retomber malade, dit Karima. Il faut la comprendre... Mais Ali ne partageait pas son avis. La maladie n'aurait pas raison d'elle. Sa fille est jeune et c'est une battante. Impossible d'imaginer une fille aussi belle être emportée par la maladie. Les anges mêmes en seraient peinés. Une heure avant l'arrivée de la future belle-famille, il monte la voir. Il ne lui tient pas un long discours. Il lui dit juste ce qu'il attend d'elle d'une voix ferme et sans appel. - Ne nous fais pas honte ! Ce sont des gens très bien. Un jour, tu me remercieras de te l'avoir imposé ! Ne nous déçois pas ! - Comme si j'avais le choix, murmure-t-elle sans le regarder. Je voudrais me préparer... Ali sort de la chambre et la laisse avec sa mère et ses sœurs. Même si elle n'en a pas le cœur, Aïda était contrainte de se faire belle. Karima avait loué les services d'une coiffeuse. Celle-ci l'avait coiffée et maquillée. Pour l'occasion, elle porte une robe rose en soie qui lui va à ravir. Sa mère a sorti de sa mallette plusieurs parures en or. Aïda refuse de les porter. La seule qu'elle garda à son cou est celle offerte par Smaïl. Des larmes coulent et gâchent son maquillage, exaspérant sa mère qui demande à la coiffeuse de vite lui refaire son maquillage. Aïda pense au serment fait sous un arbre, loin d'ici. Le cœur brisé, elle réalise qu'elle allait le rompre. Tout était mis en œuvre pour les séparer. Son père avait décidé du cours de son destin. Quoi qu'elle puisse faire, rien ne changera... (À suivre) A. K.