Le verdict dans le procès en diffamation engagé par un responsable de la Banque d'Algérie contre deux employées de cette entreprise tombera le 3 novembre. L'affaire suit son cours sur le harcèlement sexuel dudit responsable sur les deux femmes employées de la banque pendant qu'une campagne de sensibilisation et de soutien aux deux victimes s'élargit de jour en jour, initiée par le mouvement associatif des femmes. Cette affaire pose un véritable dilemme car d'une part, il est clair que ces femmes ne l'ont pas dénoncé pour le plaisir de diffamer, elles n'ont rien à y gagner surtout dans notre société où le sujet est tabou et d'autre part, les avocats ont insisté, lors de l'audience, sur l'insuffisance de la loi et appelé le juge à considérer les faits dans toutes leurs dimensions. Ces deux femmes ont confirmé au juge leurs déclarations, tout en expliquant que dénoncer ce genre d'agissements leur porte préjudice plus à elles qu'à l'auteur. L'administration algérienne étant dotée d'une législation du travail, égalitaire pour les deux genres, qui permet à l'employeur de sanctionner ses employés en cas d'insubordination, et force est de constater que les concernées sont humiliées, forcées de s'adresser à la presse et jetées à la vindicte de l'entourage. Le plaignant a prétendu qu'il ne pouvait harceler ces deux femmes car l'institution dispose d'une caméra dans le couloir. Le harcèlement n'étant pas une agression physique, mais l'expression d'une pression permanente sur des sujets, la justice va-t-elle faire regretter à ces femmes d'avoir cru en elle ? Les condamner serait d'amener les femmes au silence, définitivement. Faut-il, au contraire, les encourager dans la dénonciation publique au lieu de les pousser à régler ce problème par l'intermediaire des hommes de la famille : maris, pères et frères ? Combien de femmes ont subi des viols, des agressions sexuelles, des humiliations et se sont tues par honte et crainte de l'entourage ? Ces deux salariées ont-elles un intérêt quelconque ? Non, elles ont juste voulu défendre leur dignité. La commission des femmes travailleuses (CFT) affiliée à l'UGTA, présidée par Mme Salhi Soumia, a lancé une campagne de sensibilisation depuis le début de cette semaine, sur le phénomène du harcèlement sexuel qui n'épargne pas les femmes en milieu de travail. L'article 341 bis qui sanctionne le harcèlement sexuel à lui seul ne suffit pas. Mme Salhi pense que d'autres articles dans la législation algérienne doivent être mis en avant pour protéger les victimes et les témoins dans l'obligation de présenter des preuves matérielles. Le Centre d'écoute et d'aide (CEA) de l'UGTA aux victimes d'harcèlement sexuel rapporte que sur les 942 appels de femmes recensés durant l'année 2004, 388 sont des appels de femmes victimes d'un harcèlement.