Le harcèlement sexuel fait aux femmes dans les transports en commun est un phénomène qui prend des proportions inquiétantes aujourd'hui, mais qui reste malheureusement sous-estimé par la loi. Le silence de la femme exposée à cette forme d'agression sexuelle, nourri par le tabou qui entoure le sujet du harcèlement, le tout couronné par la complicité de la loi, font qu'aujourd'hui elles sont de plus en plus nombreuses à subir le calvaire, le temps d'un trajet. Le harcèlement sexuel fait aux femmes dans les transports en commun est un phénomène qui prend des proportions inquiétantes aujourd'hui, mais qui reste malheureusement sous-estimé par la loi. Le silence de la femme exposée à cette forme d'agression sexuelle, nourri par le tabou qui entoure le sujet du harcèlement, le tout couronné par la complicité de la loi, font qu'aujourd'hui elles sont de plus en plus nombreuses à subir le calvaire, le temps d'un trajet. Et pourtant, une récente étude vient de révéler que plus de 50 % des cas d'agression sexuelle dans les pays du Maghreb ont lien dans les moyens de transport en commun. Un phénomène qui rend la vie dure aux victimes incapables de défendre leurs droits. Témoignages «Je bouillonnais, je sentais qu'il m'avait humiliée, volé une partie de ma chair », c'est par ces mots que Nadia, 28 ans, voilée, décrit ses sentiments après avoir être victime d'un attouchement. C'était le receveur du bus qui sur son passage l'a carrément coincée contre le mur et agressée par ce moyen dégoûtant. «Le bus était surchargé, les personnes entassées, on arrivait à peine à respirer et le comble est que cette créature est venue se coller à moi», s'indigne-t-elle Furieuse, elle relate avoir commencé à crier à tue-tête. Alors que les clients faisaient la sourde oreille, quelques-uns ne se sont pas empêchés de lui reprocher sa tenue, trop serrée à leur goût et qui a certainement provoqué l'homme. Révoltée, répugnée par tant de mépris à l'égard des femmes, tant d'indulgence excessive à l'égard des mâles, elle a demandé à ce que le bus s'arrête devant un barrage. «Là, c'était le comble. Le flic m'a froidement regardé dans les yeux en me demandant si j'avais une preuve confirmant le bien-fondé de mon accusation. Voyant que j'ai basculé rapidement de la position de victime vers celle de coupable de provocation», raconte-t-elle. Mais, comment une femme peut-elle fournir la preuve qu'elle a subi un harcèlement sexuel ? Si Nadia a vite fait de baisser les bras, d'autres femmes n'hésitent pas à se plaindre auprès des services de l'ordre. Lamia, de son côté, relatant sa mésaventure, n'a pas manqué d'insulter le chauffeur et a décidé de ne pas laisser son agresseur échapper à son crime. Elle a noté son numéro d'immatriculation pour intenter un procès contre lui. Elle a osé se plaindre rompant ainsi la loi de l'omerta sur un fléau. Elle n'est pas la seule à avoir subi ce genre d'actes. «C'est bien la première fois de ma vie que j'éprouve un sentiment de répugnance, je ne comprenais pas exactement ce qui se passait», atteste Fayrouz, une jeune fille âgée de 20 ans. Ghania, 19 ans, se souvient du harcèlement sexuel dont elle fut la victime. Dans le bus qui l'emmenait de son quartier de Aïn Naâdja vers la fac centrale, la scène restera à jamais gravée dans sa mémoire. Le bus du 1er Mai était archicomble en cette journée pluvieuse et les gens étaient collés les uns aux autres dans le passage qui sépare les deux rangées. Comme d'habitude, Ghania hésite avant de prendre des bus pleins à craquer, mais cette fois, elle est obligée de le faire, car elle a trop attendu à la station et risque de rater son examen. Enfin, exaspérée, stressée, elle parvient non sans difficultés à se frayer une petite place dans cette foule qui semblait ce jour-là doubler de volume. Coincée de part et d'autre par des femmes et aussi des hommes, elle sent un organe humain lui toucher le corps et un liquide se répandre sur sa longue robe rose. Terrifiée et surtout humiliée, elle ne parvient pas à prononcer un mot et décide de descendre à l'arrêt suivant. En pleurs, furieuse et dégoûtée, elle n'a pas osé s'exposer à l'humiliation. «J'ai rebroussé chemin, raté l'examen, je suis rentrée à la maison me doucher, après quoi j'ai passé une journée au lit tant j'étais rebutée... Je n'ai osé raconté mon aventure qu'à mon amie intime qui a trouvé ma conduite face à ce pervers qui s'est adonné volontiers à une séance de masturbation publique sur moi, inadmissible», raconte-t-elle. En fait, Ghania n'est pas la seule victime. Beaucoup de femmes pensent que les bus publics sont l'endroit «propice» pour tout harcèlement sexuel. Ce genre de véhicules sont souvent pleins à craquer et roulent au ralenti à cause de la circulation, ce qui rend tout trajet interminable. Les agresseurs profitent donc pour s'adonner à leurs vices : sifflements, regards déplacés, dragues, attouchements sexuels, la liste n'en finit pas dans ces bus souvent remplis de monde. Le vide juridique dénoncé Des lois existantes, mais rendues malheureusement obsolètes. C'est ce que déplorent plusieurs spécialistes. Le harcèlement sexuel est normalement puni par le code pénal algérien. Les textes portant sur sa pénalisation sont clairs. Maître Ibouchoukane, avocate près la cour d'Alger, cite, à ce propos, l'article 341 bis du code pénal algérien qui stipule : «Est réputée avoir commis l'infraction de harcèlement sexuel et sera punie d'un emprisonnement de deux (02) mois à un (01) an et d'une amende de 50.000 à 100 .000 DA toute personne qui abuse de l'autorité que lui confère sa fonction ou sa profession, en donnant à autrui des ordres en proférant des menaces, en imposant des contraintes ou en exerçant des pressions, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle. En cas de récidive, la peine est portée au double.» Concernant le harcèlement sexuel dans les transports en commun, l'avocate déplore l'inexistence de textes de loi et insiste sur l'urgence de renforcer l'arsenal juridique visant à protéger les femmes. «Il est temps qu'un texte de loi explicite portant clairement sur la pénalisation du harcèlement sexuel dans les moyens de transport en commun soit promulguée par le législateur algérien», proclame maître Ibouchoukane. Les hommes de leur côté, dans leur plaidoyer, avance un prétexte classique pour justifier des gestes vicieux. «Une femme qui monte dans un bus pareil invite les hommes à se coller à elle, surtout celles qui portent des vêtements serrés», lance Ahmed, un habitué de ce genre de harcèlement dans les transports publics. Ce dernier choisit d'ailleurs les heures de pointe pour prendre le bus. Pour conclure, il sied de signaler que le harcèlement sexuel dans les transports en commun continuera à sévir portant atteinte à la dignité des femmes et ce, tant qu'un véritable arsenal juridique n'est pas adopté pour contrecarrer ce fléau. D. S. Et pourtant, une récente étude vient de révéler que plus de 50 % des cas d'agression sexuelle dans les pays du Maghreb ont lien dans les moyens de transport en commun. Un phénomène qui rend la vie dure aux victimes incapables de défendre leurs droits. Témoignages «Je bouillonnais, je sentais qu'il m'avait humiliée, volé une partie de ma chair », c'est par ces mots que Nadia, 28 ans, voilée, décrit ses sentiments après avoir être victime d'un attouchement. C'était le receveur du bus qui sur son passage l'a carrément coincée contre le mur et agressée par ce moyen dégoûtant. «Le bus était surchargé, les personnes entassées, on arrivait à peine à respirer et le comble est que cette créature est venue se coller à moi», s'indigne-t-elle Furieuse, elle relate avoir commencé à crier à tue-tête. Alors que les clients faisaient la sourde oreille, quelques-uns ne se sont pas empêchés de lui reprocher sa tenue, trop serrée à leur goût et qui a certainement provoqué l'homme. Révoltée, répugnée par tant de mépris à l'égard des femmes, tant d'indulgence excessive à l'égard des mâles, elle a demandé à ce que le bus s'arrête devant un barrage. «Là, c'était le comble. Le flic m'a froidement regardé dans les yeux en me demandant si j'avais une preuve confirmant le bien-fondé de mon accusation. Voyant que j'ai basculé rapidement de la position de victime vers celle de coupable de provocation», raconte-t-elle. Mais, comment une femme peut-elle fournir la preuve qu'elle a subi un harcèlement sexuel ? Si Nadia a vite fait de baisser les bras, d'autres femmes n'hésitent pas à se plaindre auprès des services de l'ordre. Lamia, de son côté, relatant sa mésaventure, n'a pas manqué d'insulter le chauffeur et a décidé de ne pas laisser son agresseur échapper à son crime. Elle a noté son numéro d'immatriculation pour intenter un procès contre lui. Elle a osé se plaindre rompant ainsi la loi de l'omerta sur un fléau. Elle n'est pas la seule à avoir subi ce genre d'actes. «C'est bien la première fois de ma vie que j'éprouve un sentiment de répugnance, je ne comprenais pas exactement ce qui se passait», atteste Fayrouz, une jeune fille âgée de 20 ans. Ghania, 19 ans, se souvient du harcèlement sexuel dont elle fut la victime. Dans le bus qui l'emmenait de son quartier de Aïn Naâdja vers la fac centrale, la scène restera à jamais gravée dans sa mémoire. Le bus du 1er Mai était archicomble en cette journée pluvieuse et les gens étaient collés les uns aux autres dans le passage qui sépare les deux rangées. Comme d'habitude, Ghania hésite avant de prendre des bus pleins à craquer, mais cette fois, elle est obligée de le faire, car elle a trop attendu à la station et risque de rater son examen. Enfin, exaspérée, stressée, elle parvient non sans difficultés à se frayer une petite place dans cette foule qui semblait ce jour-là doubler de volume. Coincée de part et d'autre par des femmes et aussi des hommes, elle sent un organe humain lui toucher le corps et un liquide se répandre sur sa longue robe rose. Terrifiée et surtout humiliée, elle ne parvient pas à prononcer un mot et décide de descendre à l'arrêt suivant. En pleurs, furieuse et dégoûtée, elle n'a pas osé s'exposer à l'humiliation. «J'ai rebroussé chemin, raté l'examen, je suis rentrée à la maison me doucher, après quoi j'ai passé une journée au lit tant j'étais rebutée... Je n'ai osé raconté mon aventure qu'à mon amie intime qui a trouvé ma conduite face à ce pervers qui s'est adonné volontiers à une séance de masturbation publique sur moi, inadmissible», raconte-t-elle. En fait, Ghania n'est pas la seule victime. Beaucoup de femmes pensent que les bus publics sont l'endroit «propice» pour tout harcèlement sexuel. Ce genre de véhicules sont souvent pleins à craquer et roulent au ralenti à cause de la circulation, ce qui rend tout trajet interminable. Les agresseurs profitent donc pour s'adonner à leurs vices : sifflements, regards déplacés, dragues, attouchements sexuels, la liste n'en finit pas dans ces bus souvent remplis de monde. Le vide juridique dénoncé Des lois existantes, mais rendues malheureusement obsolètes. C'est ce que déplorent plusieurs spécialistes. Le harcèlement sexuel est normalement puni par le code pénal algérien. Les textes portant sur sa pénalisation sont clairs. Maître Ibouchoukane, avocate près la cour d'Alger, cite, à ce propos, l'article 341 bis du code pénal algérien qui stipule : «Est réputée avoir commis l'infraction de harcèlement sexuel et sera punie d'un emprisonnement de deux (02) mois à un (01) an et d'une amende de 50.000 à 100 .000 DA toute personne qui abuse de l'autorité que lui confère sa fonction ou sa profession, en donnant à autrui des ordres en proférant des menaces, en imposant des contraintes ou en exerçant des pressions, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle. En cas de récidive, la peine est portée au double.» Concernant le harcèlement sexuel dans les transports en commun, l'avocate déplore l'inexistence de textes de loi et insiste sur l'urgence de renforcer l'arsenal juridique visant à protéger les femmes. «Il est temps qu'un texte de loi explicite portant clairement sur la pénalisation du harcèlement sexuel dans les moyens de transport en commun soit promulguée par le législateur algérien», proclame maître Ibouchoukane. Les hommes de leur côté, dans leur plaidoyer, avance un prétexte classique pour justifier des gestes vicieux. «Une femme qui monte dans un bus pareil invite les hommes à se coller à elle, surtout celles qui portent des vêtements serrés», lance Ahmed, un habitué de ce genre de harcèlement dans les transports publics. Ce dernier choisit d'ailleurs les heures de pointe pour prendre le bus. Pour conclure, il sied de signaler que le harcèlement sexuel dans les transports en commun continuera à sévir portant atteinte à la dignité des femmes et ce, tant qu'un véritable arsenal juridique n'est pas adopté pour contrecarrer ce fléau. D. S.