Résumé : Au commissariat de police, Ouarda et Ramdane ont la confirmation que leur fils a été enlevé. On pense tout de suite à une demande de rançon. Ramdane s'approche du divan où sa femme est étendue, toute pâle. Il a ramené une tasse de café. -Prends, dit-il. Elle secoue la tête. -Tu n'as rien mangé depuis hier soir ! -Je ne peux pas ! Elle se dresse sur son séant et se met à pleurer. -Mon bébé ! Elle regarde le téléphone posé sur un guéridon. -Et ce maudit téléphone qui refuse de sonner ! -Calme-toi, les ravisseurs finiront par nous contacter ! Elle le regarde de ses yeux hagards. -Et s'ils ne téléphonent pas ? -Pourquoi ne téléphoneraient-ils pas ? S'ils l'ont enlevé, c'est sûrement pour une rançon ! Elle secoue de nouveau la tête, comme pour chasser une obsession. -Et si... et si... -Et si quoi ? demande Ramdane qui semble avoir deviné sa pensée. -Et si on l'a enlevé pour... le prendre ! -Le prendre ? -Oui... un couple en mal d'enfants ! Elle se tient la tête. -Alors, si c'est le cas, nous ne le reverrons jamais... Peut-être l'a-t-on conduit dans une autre ville, et même dans un autre pays ! Mon Dieu, mon Dieu ! -Non, dit Ramdane, on l'a enlevé pour une rançon ! Mais au fond de lui-même, il se dit que sa femme a peut-être raison. Autrement, pourquoi les ravisseurs ne les ont-ils pas contactés ? Pour jouer avec leurs nerfs et mieux faire pression sur eux ? -Prends ce café ! -Je ne peux pas ! Il s'emporte. -S'il te plaît, tu vas tomber d'inanition ! On a autre chose à faire que de s'occuper de toi ! Elle prend la tasse et trempe les lèvres. Il sourit. -Voilà, c'est mieux ainsi ! Il pousse un soupir. -L'inspecteur m'a demandé une photo récente de Rabah... Elle réprime un sanglot. -Je dois faire un portrait complet de lui... On m'a demandé aussi de noter des signes particuliers... -Tu les connais ! -Oui... Une tache de grossesse sur l'épaule droite. -Une olive, dit-elle... J'en avais envie quand j'étais enceinte ! Elle pleure doucement. Ramdane détourne la tête. -Il y a aussi cette cicatrice au front. Elle est toute mince, mais assez caractéristique ! -Il est tombé quand il a commencé à marcher ! -Et tu m'as téléphoné ! Tu étais affolé, tu m'as dit qu'il était perdu, qu'il fallait appeler le Samu, le conduire à l'hôpital, peut-être l'emmener à l'étranger ! Elle éclate de rire. Il rit aussi. Brusquement, ils se taisent tous les deux. -Ne t'inquiète pas, dit Ramdane, notre petit Rabah nous reviendra. G. Boulki (À suivre)