En voulant ainsi faire barrage aux élus qui traînent des casseroles judiciaires, le ministère de l'Intérieur entend joindre l'acte à la parole concernant la réhabilitation du service public prônée par le Premier ministre dans son programme. Elus ripoux, retirez-vous ! En gros, c'est le message, pour le moins accablant, que le ministère de l'Intérieur adresse désormais à tous les élus locaux ayant failli à leur tâche de gérer les affaires de leurs communes respectives. “Il faut tout faire pour que ces gens-là ne siègent plus dans les conseils municipaux, parce que le service public est dans un tel état que nous ne pouvons plus permettre d'avoir dans nos communes des gens qui ne méritent pas d'être en face de la population. Désormais, nous avons décidé de faire barrage à tous ceux dont la conduite est indigne du choix des citoyens", a averti, hier,sur les ondes de la radio Chaîne III, Mohamed Talbi, directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Le représentant du département de Daho Ould Kablia a rappelé que durant l'exercice de leur présent mandat, ils sont 289 élus locaux, dont 109 maires, à être déjà suspendus, pour avoir fait l'objet de poursuites judiciaires et que 34 d'entre eux, dont 10 maires, ont été carrément exclus pour “leur comportement contraire aux lois". “Violation de la réglementation, détournement des deniers publics, ou encore conclusion de marchés en violation des lois" sont autant de chefs d'inculpation retenus contre ces élus, souligne “L'invité de la rédaction" de la Chaîne III. L'interdiction de ces élus aux prochaines élections, selon le représentant du ministère de l'Intérieur, s'inscrit dans le cadre de la politique de “réhabilitation du service public" dictée par le tout nouveau gouvernement Sellal, mais aussi dans le souci de “concrétiser effectivement la gestion participative", orientation comprise dans le nouveau code communal. Le représentant du département de Daho Ould Kablia insiste, à ce titre, sur “l'importante" question de “moralisation de la vie publique locale" qui vise “la réhabilitation du service public". Cet objectif, a-t-il soutenu, ne saurait être atteint sans “l'élimination de tous ceux qui ont violé la loi et/ou enfreint les règles de bonne gestion des APC et APW". M. Talbi précise, toutefois, qu'à travers la responsabilisation des élus locaux, le gouvernement ne cherche pas à jeter tout le discrédit sur eux. Il explique que le nouveau code communal prévoit, au contraire, un certain nombre “de dispositions novatrices" plutôt favorables aux élus locaux. Parmi ces dispositions, et outre le principe de faire participer les citoyens dans la gestion des affaires de la commune, (gestion participative), il citera notamment la possibilité offerte à l'élu d'intenter des recours judiciaire et administratif pour l'annulation des décisions centrales, et qu'un wali devrait motiver toutes ces décisions. Aussi, ajoute-t-il, le nouveau code communal assure la définition du régime de délibération, de même qu'il permet l'élargissement des prérogatives des assemblées locales avec l'augmentation du nombre de commissions devant y siéger dans tous les domaines d'activité de la commune. Et afin d'assurer la pérennisation de l'administration locale, a rappelé M. Talbi, dans le code communal, des prérogatives sont données aux SG des APC pour assurer des tâches administratives supplémentaires en cas d'absence des élus. Dans la foulée, le représentant du ministère de l'Intérieur a indiqué qu'un régime indemnitaire pour les élus locaux vient d'être finalisé et n'attend plus que l'approbation du gouvernement. Les indemnités, a-t-il expliqué, y sont définies par rapport à la zone (le Sud notamment), les risques et les responsabilités des maires. Quant à loi sur les communes, M. Talbi a laissé entendre que celle-ci, dont certains textes ont été d'ores et déjà définis, sera promulguée au courant de la prochaine mandature des élus locaux. Les conditions d'éligibilité définies dans le nouveau code communal ont, par ailleurs, permis de rabaisser l'âge du candidat à seulement 23 ans, ce qui, a soutenu M. Talbi, donnera la chance aux jeunes de participer à la gestion de leur commune. Abordant, par ailleurs, la révision des listes électorales en prévision des élections locales prévues le 29 novembre, dont l'opération exceptionnelle lancée le 16 septembre dernier a pris fin hier, en attendant la révision annuelle prévue du 1er au 30 octobre, le représentant du ministère de l'Intérieur a fait savoir qu'à la date du 31 mars 2012, “20 673 870 électeurs" ont été recensés en Algérie. La communauté nationale établie à l'étranger non comprise (990 000 électeurs). La particularité du scrutin du 29 novembre prochain, a fait remarquer M. Talbi, c'est qu'il sera marqué par la complexité de la tenue, dans la même journée, de la double élection des APC et des APW. Néanmoins, le représentant du ministère de l'Intérieur mise sur l'apport des “700 000 agents", et notamment les encadreurs des centres et des bureaux de vote, formés conformément aux recommandations formulées par les missions étrangères présentes en Algérie lors des dernières élections législatives. Le nombre de sièges que se disputeront cette fois-ci “48 partis politiques", précise M. Talbi, sera de 2 004 pour les APW, au lieu de 1 960 en 2007, et de 24 891 sièges APC, alors qu'en 2007, le nombre des sièges APC était de 13 981. Le représentant du ministère affirme, à cette occasion, que le nombre de nouveaux partis politiques en attente d'agrément est estimé à “une trentaine". F A