“Le roi est mort, vive le roi", ou plutôt “Le MJS est parti, vive le nouveau MJS" semble être la paraphrase idéale pour caricaturer, avec de gros traits, l'attente que suscite la nomination d'un nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports auprès de tous ceux qui suivent de près l'évolution du processus de professionnalisation du football national qui en est à sa troisième année. De ceux-là, ils ne seront d'ailleurs pas nombreux à regretter le départ d'El-Hachemi Djiar sous la coupe duquel le dossier du professionnalisme n'a pas vraiment avancé comme souhaité par son principal initiateur, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, ni comme l'entendaient et l'espéraient ardemment les principaux responsables concernés que sont les présidents des clubs de l'élite et de son anti-chambre, les pompeusement dénommées Ligue 1 et Ligue 2 professionnelles. L'installation d'un nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, en l'occurrence Dr Mohamed Tahmi, laisse donc croire en ce nouveau sang insufflé par l'Etat pour booster et donner un nouveau départ au processus de la professionnalisation de notre football qui n'a plus avancé d'un iota depuis son lancement. La nomination du Dr Tahmi s'inscrit d'ailleurs dans ce cadre de nouvelle approche qui impose de faire, tout d'abord, le point sur ce qui a été déjà réalisé en matière d'assises théoriques, de dégager un bilan global avant d'enclencher une nouvelle marche en avant avec comme finalité première : faire avancer concrètement ce projet si ambitieux mais tellement exigeant. Cela, le nouveau MJS semble l'avoir déjà bien compris et parfaitement assimilé, puisque sitôt sa nomination officialisée, il a reçu le président de la FAF Mohamed Raouraoua, lequel est sorti satisfait de l'enceinte du 1er-Mai, car ayant assurément vu une lueur d'espoir dans cette réunion de travail qui a jeté les jalons de ce qui sera une étroite collaboration entre la fédération et sa tutelle. Une nouvelle feuille de route Les grandes lignes de la feuille de route commune ayant été établies, M. Raouraoua, avant de s'envoler pour Zurich pour les besoins de sa mission au sein du comité exécutif de la FIFA, chargera ainsi Mohamed Mecherara de réunir les présidents de club autour d'une table. Cela s'est fait lundi dernier, pour approfondir le débat et se mettre d'accord sur une plate-forme de revendications représentant les principales entraves à la réussite du projet du professionnalisme tel qu'ils le conçoivent afin de pouvoir les résoudre de la meilleure et de la plus efficace des manières. Demain, M. Mecherara devrait remettre à M. Raouraoua un compte rendu détaillé sous la forme d'un rapport sur lequel se basera le président de la FAF lors de la très attendue réunion tripartite MJS-FAF-clubs professionnels (avec deux représentants de la Ligue 1 et deux autres de la Ligue 2), programmée pour la première semaine du mois d'octobre, pour exposer le point de vue commun de l'instance fédérale et de ses clubs affiliés au tout nouveau ministre. Il est même attendu que des décisions importantes soient prises à la lumière des résultats de cette tripartite, à même de relancer, efficacement, le processus de professionnalisation du sport-roi national. Une partie de ces débats devrait logiquement concerner l'énorme retard accusé par les pouvoirs publics dans l'application des mesures d'accompagnement du professionnalisme en Algérie, décidées par les hautes autorités du pays. En février dernier, c'était l'actuel président de la Ligue du football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, qui tirait déjà la sonnette d'alarme, estimant que ce retard “diminuerait les chances de la réussite de l'expérience". “ça fait presque deux années depuis l'annonce des mesures d'accompagnement du professionnalisme dont devaient bénéficier les 32 clubs des Ligues 1 et 2, sans pour autant que l'essentiel de ces mesures soit appliqué sur le terrain", avait indiqué, l'hiver dernier, le président de la LFP, à l'issue des travaux de la première assemblée générale ordinaire de sa structure. “Si nous prenons comme exemple les promesses faites aux 32 clubs professionnels de bénéficier d'assiettes de terrain pour la construction de leurs centres de formation respectifs, nous pouvons constater que ces promesses tardent toujours à se traduire dans les faits. Ils ne sont d'ailleurs que 5 clubs sur les 32 concernés à avoir bénéficié d'actes de propriété de leurs assiettes. Or, la réussite de l'expérience professionnelle en Algérie passe obligatoirement par la création de centres de formation dans tous les clubs professionnels, dans la mesure où tant que les clubs n'ont pas leurs propres centres de formation, on ne peut pas parler de professionnalisme en Algérie, vu que le but recherché dans le passage de notre football vers le professionnalisme est notamment développer le sport roi en Algérie, en permettant l'émergence de jeunes talents ayant acquis une formation aux normes mondiales", avait, à ce sujet, tancé M. Kerbadj. Des dossiers en suspens Le cadre juridique du club professionnel et la nature de l'alliance CSA-SSPA tels que prévus par la loi à travers le cahier des charges de la FAF seront, également, des points cardinaux sur lesquels le nouveau MJS devra se pencher afin de mieux trancher. Mais à l'inverse de ce qui s'était passé avec El-Hachemi Djiar, ce qui est justement attendu de son successeur Mohamed Tahmi est surtout une application concrète des mesures et des décisions qui seront normalement prises et ne pas se contenter de constats, de promesses creuses et de plates-formes qui iront mourir au fond d'un tiroir. Avancer théoriquement dans le processus de nivellement par le haut du football national à travers la professionnalisation de ses clubs de l'élite, c'est bien. Mais afficher une volonté politique à toute épreuve pour concrétiser cet énorme projet qui tient particulièrement à cœur au président de la République himself à la faveur d'un suivi, sur le terrain, dans la démarche, dans le fond et la forme, serait éminemment mieux. En sa qualité de membre du nouveau gouvernement Sellal et membre à part entière de l'exécutif, le ministre de la Jeunesse et des Sports sait mieux que quiconque que, à titre d'exemple, l'octroi d'assiettes foncières, le déblocage d'enveloppes financières et l'octroi de divers types d'autorisations nécessite une intervention de l'exécutif, localement parlant, autrement dit les walis et autres maires, eux-mêmes dépendant de la volonté politique d'en haut. De fait, toute autre démarche s'avérera, une nouvelle fois, vaine, et il n'aurait servi à rien d'avoir cru, naïvement, en un changement vers le mieux avec l'arrivée d'un nouveau roi, ou plutôt d'un nouveau MJS. R. B.