Le bureau de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), situé à Hay Lemqam, grouille de monde depuis l'arrestation, la semaine écoulée, de son président, Yacine Zaïd. Très actifs, des membres du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) continuent à sensibiliser les citoyens sur cette arrestation qui a secoué la région de Laghouat. En plus des amis de Yacine Zaïd, des militants des partis politiques de la mouvance démocratique travaillent d'arrache-pied pour réussir une mobilisation à la hauteur du militant des droits de l'Homme. En effet, pour leur part, les militants du RCD estiment que cette affaire est une preuve de l'incapacité du pouvoir à accepter tout exercice des libertés individuelles et collectives. Ils dénoncent publiquement cet acte barbare d'un autre âge et apportent leur soutien à la victime de ce pouvoir “qui ne se soucie plus que de sa survie", lit-on dans un communiqué rendu public. De leur côté, des militants du FFS se disent “déterminés'' à soutenir tout militant qui serait victime de répression et d'arbitraire. En plus de la remarquable vulgarisation à travers la presse nationale et internationale ainsi que les réseaux sociaux et les ONG, une pétition circule depuis mardi passé sur Internet pour revendiquer la libération immédiate du blogueur militant. En somme, cette arrestation a suscité une vaste mobilisation, notamment sur facebook où plusieurs membres ont mis sur leur profil la photo de l'infatigable Yacine Zaïd. Pourtant, rien ne le prédestinait à devenir une icône de la défense des droits humains. Né dans le sud algérien, Yacine Zaïd devient cadre dans une entreprise de restauration du groupe Compass, implantée à Hassi-Messaoud, à quelque 800 km au sud d'Alger. Sauf qu'il s'émeut, chaque jour que Dieu fait, un peu plus des conditions d'emploi et d'hébergement de ses collègues salariés. Nous dit-on. Cependant, le parcours de cet ex-cadre et membre de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, est jalonné de militantisme. En effet, il s'est peu à peu engagé dans la défense des salariés en participant à la création, en 2006, d'un syndicat pour défendre les droits des travailleurs et en est élu secrétaire général. Depuis ce jour, il ne connaîtra pas de répit. Son employeur dépose six plaintes à son encontre. Il comparaît plus d'une vingtaine de fois devant le juge. Il est condamné, perd son emploi, vend sa maison pour payer ses frais d'avocat et divorce dans cette descente aux enfers, apprend-on de son entourage. Ainsi, il est devenu le premier militant autonome du sud du pays, et de surcroît, à Hassi-Messaoud, l'un des poumons économiques de l'Algérie, “d'où l'acharnement à son encontre'', explique Rachid Malaoui, président du Snapap, premier syndicat indépendant né hors du sérail de la traditionnelle UGTA. Le Snapap et l'Union internationale des travailleurs de l'hôtellerie-restauration (UITA) négocient pied à pied avec le groupe Compass et obtiennent l'abandon des poursuites, selon les sources de Liberté. Il s'est remarié le 30 août de l'année en cours et est devenu le représentant de l'UITA en Algérie. Un mois après, lundi 1er octobre, il est encore une fois arrêté à Ouargla et placé en détention pour “outrage à agent de police''. Selon ses avocats, il risque une peine de prison ferme qui peut aller jusqu'à 5 années de réclusion. Yacine Zaïd restera en prison jusqu'à lundi prochain, jour de sa comparution devant le tribunal de Ouargla. B A