Blanchi le 10 juillet dernier par le tribunal de Relizane de l'accusation de délit de fuite, Belkacem Rachedi, militant des droits de l'Homme, fils de Abdelkader Rachedi, disparu le 2 août 1995, et membre actif du Collectif des familles de disparus de Relizane, a comparu, hier, devant la cour de justice de Relizane, suite à l'appel interjeté par le parquet. Selon les déclarations du militant des droits humains, la cour a placé l'affaire en délibéré, refusant de reporter la date de sa comparution, en dépit de l'absence de son avocat, “empêché, par des obligations pressantes, de faire le déplacement d'Annaba à Relizane". Selon l'accusé, l'affaire remonte au 23 avril 2012, quand un enfant d'une dizaine d'années est renversé par une voiture dont le conducteur a pris la fuite. Lors du dépôt de plainte auprès des services de police, la victime, accompagnée de son père, déclare que l'accident a été provoqué par un véhicule de marque Dacia Logan bleu nuit. Un mois après l'accident, un inconnu prend attache avec le père de la victime et lui donne un bout de papier sur lequel est écrit un numéro d'immatriculation qui serait, d'après lui, celui de la voiture ayant provoqué l'accident. Il s'avère que ce numéro est celui de la voiture appartenant à Belkacem Rachedi, une Renault 19 de couleur blanche, alors que la victime avait déclaré avoir été renversé par une Logan bleu nuit. Le numéro ayant été communiqué par le père de la victime à la police, Belkacem Rachedi est convoqué par la police. Lors d'une confrontation, la victime n'a pas reconnu en Rachedi le chauffeur qui l'a heurtée. En parallèle, Rachedi a affirmé avoir été absent de Relizane au moment des faits. Il propose même de faire entendre des témoins qui peuvent attester de son alibi. Aucune suite n'est donnée à cette demande et aucune initiative n'est entreprise ni par la police ni par le procureur afin d'entendre le témoin-clé de l'accident, à savoir l'ami de la victime qui se trouvait à ses côtés lors de l'accident. Le 28 juin 2012, Rachedi est convoqué devant le procureur de la République qui ordonne sa mise sous mandat de dépôt. Il comparaît une première fois devant le tribunal délictuel de Relizane, le 3 juillet, mais l'affaire est reportée à l'audience du 10 juillet, faute de la présence de la victime. Le 10 juillet, Rachedi est acquitté par le tribunal. Le Collectif des familles de disparus d'Algérie (CFDA) a promptement réagi au nouveau procès intenté à Rachedi. En effet, dans un communiqué dont une copie nous a été transmise, le CFDA dénonce un procès “non équitable", déclarant avoir saisi, le 28 août 2012, le groupe de travail onusien sur les disparitions forcées, ainsi que la rapporteuse spéciale de l'ONU sur les défenseurs des droits de l'Homme dans l'affaire du “harcèlement judiciaire" à l'encontre de Belkacem Rachedi. Selon le CFDA, “Rachedi est victime d'une machination visant à sanctionner son rôle de défenseur des droits de l'Homme. Il a été à tort accusé d'avoir commis un délit de fuite sur la base d'une source non crédible tandis que la victime même nie son implication. Confronté à un dossier judiciaire contenant de nombreuses contradictions et n'incluant aucune preuve matérielle, le tribunal de Relizane a acquitté Belkacem Rachedi le 10 juillet 2012", mais “le procureur a décidé de faire appel de ce jugement, obligeant M. Rachedi à comparaître devant la cour d'appel de Relizane ce dimanche 7 octobre". Le CFDA se déclare “très préoccupé de la façon dont l'enquête judiciaire a été menée" et “craint une nouvelle évolution dans les pratiques d'intimidation et de harcèlement des défenseurs des droits de l'Homme de la part des forces de l'ordre algériennes". Hier, en début de soirée, la cour de Relizane n'avait pas encore statué sur le sort de Belkacem Rachedi. M. S