À Bamako, où il s'est entretenu avec les responsables de l'Etat malien, dont le président et le Premier ministre par intérim, Abdelkader Messahel a clairement réaffirmé la position algérienne du dialogue stipulant que celui-ci est envisageable mais pas “avec des terroristes". Après l'escale de Nouakchott, où il a constaté la convergence de vues avec les autorités mauritaniennes quant à la nécessité de privilégier le dialogue pour résoudre la crise au Mali, le ministre délégué à la Coopération et aux Affaires maghrébines et africaines s'est rendu lundi à Bamako, où il a été successivement reçu par le ministre malien des Affaires étrangères, Tièman Coulibaly, le président malien de transition Dioncounda Traoré, puis le Premier ministre. Abdelkader Messahel a affirmé à l'issue de son entretien avec Cheick Modibo Diarra, Premier ministre du Mali, que le dialogue est envisageable avec ceux qui prennent leur distance avec le crime organisé, mais “il n'y a pas de négociation possible avec des terroristes". Le numéro deux de la diplomatie algérienne a notamment déclaré : “Lorsqu'on a identifié la menace, notre devoir en tant que pays voisin, c'est d'éradiquer par tous les moyens cette menace, y compris par la force. Cette position de l'Algérie n'est pas nouvelle. Il n'y a pas de négociation possible avec des terroristes et des narcotrafiquants". Poursuivant dans le même ordre d'idées, le ministre algérien a souligné : “Mais, également, le dialogue est possible avec les enfants du Mali qui se démarquent définitivement du crime organisé, du terrorisme, et qui se démarquent aussi des tentations sécessionnistes". De son côté, le Premier ministre malien par intérim a déclaré : “Le Mali est un et indivisible, et il le restera éternellement. Nos lois donnent à chaque citoyen le droit de choisir et de pratiquer sa religion. Personne n'imposera à un Malien de pratiquer une charia dont le pays ne veut pas". Dans les milieux officiels maliens, on affirme avoir fait comprendre à Alger l'espoir de voir l'Algérie prendre sur le terrain la direction de la lutte contre le terrorisme. La délégation algérienne, qui a achevé tard lundi soir sa visite au Mali, comprenait des responsables de l'appareil sécuritaire de l'Algérie. Par ailleurs, le responsable de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a déclaré lundi que pendant la “préparation" du déploiement militaire au Mali contre les groupes armés qui occupent la majeure partie de son territoire, “le dialogue" avec certains d'entre eux allait se poursuivre. À l'issue d'une réunion des chefs de mission de paix de l'ONU dans la région à Dakar, le responsable onusien a indiqué qu'“Il a été convenu dans le cadre du Conseil de sécurité qu'il y aura une approche globale qui comportera aussi bien l'approche du dialogue que celle de la préparation militaire telle que proposée par la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest". “Le déploiement prendra un certain temps et, pendant ce temps, il y a le dialogue qui s'enclenche et se poursuit", a-t-il affirmé, ajoutant que “l'intervention militaire serait en fonction des résultats du dialogue : plus on va vers des accords et moins il y aurait de terrain pour l'activité militaire". Il a notamment reconnu qu'“il y a ceux qui pensent qu'il faut agir vite, c'est le débat actuel". Saïd Djinnit a estimé que la réunion de représentants de la communauté internationale, le 19 octobre à Bamako, sera “l'occasion de se mettre d'accord sur une stratégie avec les Maliens, avec les pays de la région, pour qu'il y ait une convergence de vues sur comment agir vite et efficacement pour le Mali et le Sahel". L'objectif est d'éviter “que ce qui affecte sévèrement le Mali puisse affecter l'ensemble de la sous-région et au-delà", a-t-il affirmé. Au sujet des rebelles touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), qui ont dit plaider pour le “droit à l'autodétermination" et non plus la “sécession", M. Djinnit a noté qu'il y a “un mouvement pour s'insérer dans la dynamique qui a été posée comme base de travail par la Cédéao". Cette base de travail est le “respect du principe de l'intégrité territoriale du Mali", et le “rejet du terrorisme", a-t-il rappelé. M T