Cette banque du pauvre, opérationnelle à partir du 5 janvier, s'inspire de l'expérience indienne. La banque du pauvre ou “banque haq el-massakin”, un nouveau service bancaire inédit en Algérie, sera opérationnel à compter du 5 janvier prochain. C'est la banque privée à capitaux nationaux la CA Bank qui est derrière cette formule “afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale en Algérie”, peut-on lire dans le communiqué de cet établissement qui s'inspire d'un concept indien. Concrètement, ce type de microcrédit se traduira par l'octroi d'un prêt de 20 000 dinars, soit 2 millions de centimes, sans intérêts et remboursable sur une durée de 24 mois. La population concernée est prioritairement celle des ménages déshérités, familles nombreuses et sans ressources, femmes seules et sans emploi et des jeunes désœuvrés qui pourront bénéficier du concours de la CA Bank, afin d'acquérir ou de compléter l'achat d'un matériel ou outillage qui leur permettrait de travailler et de disposer d'un revenu. Mieux encore, “c'est surtout pour permettre à ces catégories de citoyens de conserver leur dignité”, affirme M. Omar Dechemi, président de la première banque privée qui affiche actuellement une détermination à toucher le plus grand nombre de bénéficiaires. L'accès à ce type de crédit ne requiert aucune formalité contraignante, puisqu'un simple engagement sur l'honneur à rembourser le prêt accordé “tiendra lieu de garantie”. Il faut savoir que toute cette opération “banque du pauvre” sera totalement prise en charge par les ressources de la Ca Bank qui prévoit à cette fin un fonds de 40 millions de dinars à titre de phase de démarrage pour cette année 2004. Au minimum donc, ce sont pas moins de 2 000 personnes qui devront en bénéficier tout au long de la nouvelle année et ce, sans compter l'effet boule de neige par le biais duquel un plus important nombre de demandeurs pourrait être satisfait. Chaque remboursement étant un signal pour un autre concours, les prévisions de la Ca Bank tablent sur un niveau de remboursement de 15 millions de dinars pour l'année 2004, qui viendront s'ajouter ainsi aux dotations du fonds initial pour permettre d'accéder à la satisfaction de 2 750 personnes ou ménages. En pratique, il y a lieu de mentionner que ces crédits sont remboursables sur 24 mois, le premier remboursement n'intervenant que deux mois après réception concrète du prêt, et ce, afin de laisser à l'évidence au bénéficiaire un délai de grâce qui lui permettrait de s'organiser en conséquence. Il est utile de signaler également que les demandeurs pourront trouver au niveau des guichets de la banque privée une liste de métiers, de matériels et d'outillages nécessaires à leur activité avec, bien entendu, les conseils sur les meilleurs fournisseurs de chaque branche escomptée. À ce titre, plusieurs petits métiers tels que la broderie, la couture ou la cordonnerie et les autres travaux à domicile qui peuvent être capitalisés par des femmes démunies et des personnes au chômage, trouveront ainsi réponse et surtout se délivreront d'une certaine dépendance. Bien entendu, les demandeurs seront tenus de justifier de leur vulnérabilité sociale comme critère indiscutable à ce crédit et la sélection des dossiers se fera selon le promoteur de la formule avec la célérité voulue “de façon impartiale et rigoureuse par un comité constitué à cet effet”. Pour toucher le plus grand nombre de bénéficiaires, la Ca Bank lance aussi un appel à toutes les “institutions publiques, entreprises, associations et personnes physiques qui souhaiteraient l'accompagner dans son projet”. Pour rappel, l'idée de la “banque du pauvre” a été annoncée officiellement par le président de cet établissement privé à l'occasion du quatrième anniversaire de la Ca Bank vers la fin du ramadan dernier. À compter du 5 janvier, la promesse sera effective. Les candidats devront trouver très prochainement des bulletins d'inscription à remplir et à adresser aux services concernés de la banque. En effet, un communiqué de presse sera publié incessamment. Désormais, il n'y aura pas que des riches qui fréquenteront les banques. Ainsi, en aura décidé ce privé algérien. A. W. Réaménagement du dispositif Les prêts plafonnés à 400 000 DA M. Mustapha Benbada, ministre de la Petite et Moyenne entreprise et de l'Artisanat (PMEA), a annoncé, hier, à Alger, la création d'une agence de micro-crédits et d'un fonds de garantie des micro-crédits pour le secteur. Présidant les travaux du regroupement national pour l'évaluation des activités de l'artisanat et des métiers, le ministre a indiqué que les ordonnances portant sur les dispositifs de ces deux organes seront signées par le président de la République, lors du Conseil des ministres, prévu aujourd'hui. Contrairement à l'actuel dispositif, jugé “insuffisant”, selon M. Benbada, le nouveau dispositif des micro-crédits, qui est une révision du dispositif de l'ANSEJ (Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes), va permettre de financer des projets avec des montants plus conséquents, pouvant aller jusqu'à 40 millions de centimes. Plusieurs formules de micro-crédits seront proposées aux artisans, tels que les crédits-bancaires à des conditions allégées (sans intérêt pour certains cas), a-t-il encore ajouté.