Alia – on dit aussi El-Aliya – est un prénom féminin, autrefois très courant en Algérie. On l'emploie encore mais son usage se raréfie, devant les prénoms à consonance orientale, voire occidentale. Alia dérive du verbe d'origine arabe, “âala" être haut, être élevé en dignité, s'élever, et alya signifie : grande, élevée, haute. Parmi les Alia célèbres, on cite le nom d'une sainte femme qui a donné son nom au plus grand cimetière d'Algérie, voire d'Afrique, El-Alia. On ignore l'époque à laquelle elle a vécu, mais on sait qu'elle habitait la Casbah. Elle était très riche mais on rapporte que sa vie a été parsemée de malheurs : elle a vu mourir tous ses enfants, puis son mari... D'autres narrateurs disent qu'El-Alia n'a jamais eu d'enfants, elle ou son mari ou les deux étant stériles. Mais si les détails de sa biographie ne sont pas sûrs, on s'accorde à dire qu'elle avait une grande fortune et surtout qu'elle possédait des biens immobiliers et des terres à Alger et ses environs. Riche mais humble : sa maison, qui aurait existé selon certains jusqu'au début du 20e siècle, était modeste et devait ressembler à toutes les maisons de la vieille cité : quelques chambres autour d'un patio où se trouvait un puits. Bien que riche, elle ne dépensait que le strict nécessaire, non pas par avarice mais parce qu'elle était de nature sobre. Par contre, elle se montrait généreuse avec les gens qui lui rendaient visite. Elle offrait tout ce qu'elle avait. Elle était bonne avec ses voisins et secourait les plus pauvres d'entre eux. Elle visitait quotidiennement les malades, leur apportait des gâteries, et quand ils n'avaient personne pour s'occuper d'eux, elle le faisait. Elle leur lavait leurs vêtements, leur apportait des médicaments... Elle s'occupait aussi des femmes qui accouchaient, en les assistant et en leur apportant de la nourriture. Elle disait toujours que ce qu'elle faisait, c'était par désir de la Face de Dieu. Elle a vécu longtemps. Mais l'âge la rattrape et elle tombe malade. Ses voisines s'occupent d'elle, mais c'est toute seule qu'elle va mourir. Selon la légende, les voisines se présentent chez elle, au matin. Elles sont surprises par une odeur agréable qui sort de sa maison. Comme elle ne répond pas, on entre. On trouve El-Alia étendue sur son lit, sa toilette funèbre faite et le linceul blanc la couvrant. Des bougies sont allumées et des bâtons d'encens brûlent dans un godet ! Et c'est ainsi que toute la Casbah apprit qu'El-Alia, la vieille femme, a été lavée par les anges, en récompense de ce qu'elle a fait dans sa vie... Le cimetière qui porte son nom a été sa propriété. M. A. H ([email protected])