Le ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Chérif Rahmani, a mis en place un comité de réflexion chargé d'élaborer un programme de redressement de l'industrie nationale. Ce comité est composé d'universitaires, de représentants d'organisations patronales, de chefs d'entreprises privées et publiques, de responsables des Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP), de deux cadres du ministère de l'Industrie, des directeurs généraux de l'Andi et d'Algex, de la directrice de l'Aniref... Ce groupe a déjà tenu six réunions. Parmi les universitaires qui y participent figurent notamment Abdelmadjid Bouzidi, Hocine Benissad, Mohamed-Cherif Belmihoub, Abdelhak Lamiri, Hassen Rafik Bouklia, Mustapha Mekidèche et Farid Yaïci. Ce comité devrait remettre ses conclusions avec des propositions concrètes destinées à réarmer l'industrie nationale au plus tard début décembre. Si les approches sont différentes, les différents diagnostics convergent tous vers un même constat : l'industrie algérienne a un grand potentiel qu'il faut libérer. Le comité travaille sur trois orientations. Il est question, nous dit-on, de réhabiliter et de restructurer le potentiel public, de faciliter l'investissement au secteur privé et de nouer des partenariats avec des champions internationaux. Dans ce cadre, des négociations sont actuellement engagées avec Renault et Mercedes-Benz dans l'automobile, avec Lafarge dans le ciment. Selon notre source, il s'agit “de continuer dans cette direction". Pour rappel, le gouvernement s'est engagé à parachever les négociations en cours autour de projets de partenariat dans divers secteurs, y compris celui de l'industrie mécanique. Pour faciliter l'investissement, on évoque la révision des lois sur l'investissement. Il faut dire que le Forum des chefs d'entreprise a fait une évaluation intéressante du dispositif en vigueur de soutien public au développement de l'investissement, du point de vue de sa cohérence juridique et institutionnelle et sous l'angle de son efficacité économique. L'ordonnance 01-03 du 20 août 2001 semble avoir glissé, sous l'effet des innombrables retouches dont elle a fait l'objet, pour finir par changer de nature et passer de la position d'instrument de développement de l'investissement à un instrument d'encadrement et de contrôle fort éloigné des objectifs qui ont présidé à son adoption. Eclaté, illisible, opaque, contradictoire, non sécurisant, inachevé, instable et imprécis, ce texte a, aujourd'hui, pratiquement perdu toute attractivité. Mais au-delà, le gouvernement semble déterminé à développer l'intégration de la production nationale et la substitution aux importations en mettant en place une stratégie concertée permettant de relever les niveaux d'intégration des productions nationales industrielles et d'optimiser l'efficacité et la concurrence de l'industrie locale et sa capacité à répondre aux attentes des consommateurs. Le ministère de l'Industrie veut promouvoir les filières industrielles présentant un fort potentiel de développement en réduisant substantiellement le recours aux importations. La présence des représentants du Centre national de l'informatique et des statistiques relevant des Douanes algériennes participe de cette nécessité de mieux maîtriser les grands postes d'importation. Parmi les filières à développer, entre autres, la branche chimie pharmacie, l'agroalimentaire, les matériaux de construction et les pièces de rechange automobiles. La démarche du ministère de l'Industrie paraît pragmatique sur papier. L'un des paradoxes de la relance économique algérienne est que le multiplicateur joue à l'extérieur (ce que traduit l'explosion des importations) au moment même où des capacités de production oisives sont disponibles dans le pays. Cependant, sera-t-elle mise en œuvre ? Rien n'est moins sûr. Le secteur de l'industrie a consommé plusieurs ministres et maintes réformes sans que l'industrie nationale trouve le chemin de la relance. M R