Présent aux JCA pour participer à une conférence et procéder à une vente-dédicace de son ouvrage (la journée de jeudi) “le Cinéma algérien. Entre hier et aujourd'hui", il revient dans cet entretien sur les raisons qui l'ont poussé à écrire son livre, tout en évoquant son contenu. “Liberté" : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à réaliser cet ouvrage ? Adda Chentouf : L'idée m'est venue suite à un constat que j'ai fait. J'enseigne à la faculté de Saïda, et j'ai constaté que la langue française a reculé, donc j'ai pensé à écrire ce livre en langue arabe pour toucher le maximum de jeunes. L'idée est venue aussi suite au manque de livres sur le cinéma algérien. Le peu de livres sur lesquels je me suis basé (“Le Cinéma algérien" de Lotfi Maherzi, “En attendant Omar Gatlato" de Wassyla Tamzali, “le Miroir apprivoisé" de Abdelghani Megherbi), ce sont des livres très anciens qui remontent aux années 1980. Or, c'est toute une époque qui a changé. J'ai vu qu'il y avait un vide en matière de livres concernant le cinéma algérien, donc je me suis décidé à me lancer dans cette aventure de réaliser un ouvrage qui puisse constituer une référence. En plus, il est très détaillé, il couvre la période de 1962 à 2011. Je me suis un peu rapproché de la cinémathèque, du CNC, de l'association Lumières, j'ai fait aussi les festivals, et puis je me suis basé sur ma documentation personnelle. J'ai presque tous les films algériens en ma possession, j'ai constitué un fonds documentaire assez conséquent. J'ai essayé d'apporter une contribution, surtout pour les jeunes. Et je compte moi-même le traduire bientôt. Comment le livre est-il structuré ? Le livre est structuré en cinq chapitres : la naissance (1960), l'âge d'or (1970) – une décennie prodigieuse avec plus de 40 films, ce qui a fait accéder le cinéma algérien à la deuxième place après l'Egypte. Le troisième chapitre c'est les années de déclin (1980) en raison de plusieurs facteurs, comme l'avènement de la parabole, la cassette vidéo, la situation politique, etc. Le quatrième chapitre c'est les années de crise (1990), et le cinquième (2000), je l'ai intitulé “une reprise timide". On constate que depuis 2000, il y a pas mal de films qui sont faits et qui ne passent que dans les festivals. Il faut qu'il y ait une politique volontaire et vigoureuse pour relancer l'activité comme elle l'était dans les années 1970. Quel genre de cinéma est le cinéma algérien ? Je fais un survol de tous les thèmes, et j'ai recensé environ 150 longs métrages produits, avec quelques coproductions. Les années 1960 jusqu'au 1970 c'était essentiellement des films de guerre. Un glissement s'est effectué, dans les années 1970, vers d'autres thèmes, avec “le Charbonnier" de Mohamed Bouaâmari, et puis il y a eu “Omar Gatlato". Je l'ai considéré dans le livre comme “le film de rupture". Depuis “Omar Gatlato", il y a eu un changement dans la thématique. C'est un cinéma très diversifié. La nouvelle génération a été bercée par le cinéma actuel, notamment occidental, hollywoodien. Il n'y a aucune commune mesure entre les réalisateurs d'aujourd'hui avec leurs aînés. Ce n'est pas pour critiquer l'un ou l'autre, mais il y a des films de qualité hier et aujourd'hui. C'est difficile de trouver une idée originale aujourd'hui, mais les jeunes conservent le regard critique. S. K. “Le Cinéma algérien. Entre hier et aujourd'hui", de Adda Chentouf. Essai, 166 pages. Editions Dar El-Gharb (Oran), 500 DA.