Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné la révision de la sentence annoncée contre l'intellectuel réformateur pour blasphème le 6 novembre dernier. L'affaire remonte au 19 juin 2002, lorsque le professeur d'université Hachem Aghajari a pris position dans la ville de Hamedan, en faveur “d'un protestantisme de l'islam”. Il avait notamment déclaré que les musulmans “n'avaient pas à suivre aveuglément un chef religieux”. Ces déclarations avaient soulevé un véritable tollé dans les milieux religieux. Aghajari a été emprisonné avant de faire l'objet d'un procès qui a abouti à sa condamnation à mort. Combattant de la première heure de la révolution islamique et invalide de la guerre contre l'Irak, Aghajari a refusé de faire appel. Sa condamnation a soulevé moult protestations à travers l'Iran, particulièrement dans les milieux estudiantins. En effet, depuis une semaine, les universités iraniennes sont en ébullition. Les étudiants demandent la révision de la décision de justice, qualifiée de “moyenâgeuse”. Des centaines de professeurs d'université ont pris position avec Hachem Aghajari, protestant contre sa condamnation. Ils ont adressé une lettre au guide suprême, Ali Khamenei, lui demandant d'ordonner la révision du procès. Des personnalités politiques iraniennes ont également rejoint le mouvement de protestation à l'image du président de la république Mohammed Khatami, et du président réformateur du Parlement Mehdi Karoubi, qui ont dénoncé le verdict. C'est ce dernier qui a annoncé, hier, la nouvelle de la révision du procès ordonnée par Khamenei, devant les députés, demandant à Aghajari “d'utiliser son droit de faire appel”. Maître Saleh Nikbakht, avocat du professeur, a réagi à la décision du guide suprême en affirmant : “sans aucun doute, la décision du guide suprême va mettre un terme à cette affaire et au verdict brutal rendu par le juge de Hamedan.” Il a aussi indiqué qu'il allait remettre très rapidement un mémoire contre ce verdict à la cour suprême. Il faut dire que cette affaire n'a laissé personne indifférent en Iran. Rares sont ceux qui n'ont pas réagi. De nombreux responsables connus pour être des conservateurs se sont élevés contre le verdict et ont demandé sa révision. La réunion d'étudiants, prévue hier à l'université Allameh de Téhéran, a été maintenue. Elle a eu lieu dans un climat de tension. 600 étudiants environ ont fait face aux forces de police, qui se tenaient à l'extérieur de l'université. K. A. La condamnation • Il est condamné à mort pour “insultes aux Prophètes” par un juge unique de Hamedan. Il est, en outre, condamné à huit ans de prison, 74 coups de fouet et dix années de privation du droit d'enseigner.