Les marchés du cheptel, improvisés par les maquignons principalement dans les villes de Tébessa et Cheria, à l'approche de l'Aïd el-Adha, sont depuis quelque temps désertés par les clients et pour cause, les prix astronomiques pratiqués par les vendeurs que les petites bourses ne peuvent plus se permettre de dépenser. En effet, aujourd'hui, il est devenu presque impossible pour le simple citoyen d'acheter le mouton dont le prix varie entre 30 000 et 90 000 dinars. Certains ont carrément atteint le prix de 150 000 dinars. Le petit agneau du Darmon qui coûtait 18 000 DA l'année passée est aujourd'hui cédé à hauteur de 36 000 DA, voire 40 000 DA, soit une augmentation de 120%. Cette hausse vertigineuse des prix du mouton est devenue au centre des préoccupations des citoyens surtout dans la ville de Tébessa. “Je n'ai pas les moyens d'acheter le mouton, ou alors il faudra que je m'endette", dira un habitant que nous avons rencontré hier au marché du cheptel de la ville. Un autre ne fera pas de sacrifice cette année. “En plus des factures d'électricité et d'eau ainsi que le loyer, je ne peux me permettre de dépenser 40 000 dinars pour un mouton. Les charges quotidiennes sont de plus en plus oppressantes", dira notre interlocuteur, employé à l'hôpital. Pour les Tébessis, cette envolée des prix du mouton est l'œuvre malsaine des spéculateurs et des contrebandiers qui ont fait du mouton du sacrifice un créneau et un négoce très prisé, notamment dans les régions situées aux frontières. Le mouton du Darmon qui évolue dans la région de T'lidjen et Cheria est aujourd'hui le principal produit de contrebande. Selon des informations que nous avons recueillies auprès des connaisseurs, la contrebande du mouton, surtout les béliers et les agneaux, s'est accentuée ces dernières années suite à l'installation d'un abattoir géant dans la wilaya de Sfax, en Tunisie. Sa principale activité est l'abattage du cheptel ramené d'Algérie et son expédition vers des pays comme Malte, Israël ou encore la Palestine. De notre côté de la frontière, ce sont les populations des villes de Bir El-Ater, Oum Ali et Safsaf qui activent dans la contrebande du mouton. Pour les observateurs, cette pratique contribue à affaiblir la puissante tribu des Nememchas. H M