Sur l'ensemble des marchés aux bestiaux de l'est du pays, la mercuriale du cheptel n'a pas évolué depuis des mois. Les prix sont toujours au plus bas, si ce n'est une légère fébrilité de conjoncture... Aïd oblige. La légère hausse des prix de l'agneau gras, constatée cette semaine, est due essentiellement à la petite quantité présentée sur les marchés de Tamlouka et Oued Zenati dans la wilaya de Guelma, Sedrata dans la wilaya de Souk-Ahras, Aïn Abid dans la wilaya de Constantine et Aïn Beïda dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi. L'absence d'espaces de pacage, la sécheresse depuis trois années et le verrouillage des frontières dans le cadre de la lutte contre la contrebande du cheptel, sont les principales causes de cette situation ayant entraîné la stagnation des prix du kg de viande à la consommation entre 500 et 600 dinars. Aujourd'hui, maquignons et éleveurs sont dans une situation peu confortable, pour ainsi dire. Le quintal d'orge est cédé entre 200 et 220 dinars, celui du son entre 1 800 et 2 000 dinars, la botte de paille à 30 dinars, alors que celle du foin entre 350 et 500 dinars, selon la qualité. Nourrir un agneau avec ces prix et pendant trois longs mois, c'est-à-dire jusqu'à la fin du mois de mars, est une mission impossible. Les prix à la demande n'arriveront jamais à amortir un tel volume de charges. Au niveau de la wilaya d'Oum El-Bouaghi, laquelle compte plus de 600 000 têtes d'ovins et 4 583 maquignons inscrits, “ces quantités demeurent insuffisantes”, précisera le président de la Chambre de l'agriculture de la wilaya, surtout au niveau de la daïra de Aïn M'lila. Un éleveur de cette région nous a pris à témoin pour dire : “Je possède un troupeau de 183 têtes d'ovins, on me vend 11 quintaux d'orge tous les 15 jours, il n'y a aucun bénéfice, et puis on doit attendre, pour ceux qui peuvent supporter les charges, la fin mars ou début avril pour que la situation s'améliore.” Dans une ferme-pilote, non loin de là, on nous fera savoir que le cheptel, 780 têtes, a consommé durant le mois d'octobre dernier 74 quintaux d'orge et 1 085 bottes de paille. Aujourd'hui, les prix sur les marchés varient entre 8 000 et 12 000 dinars pour la brebis, 8 000 et 14 000 dinars pour l'agneau et entre 18 000 et 22 000 dinars pour le bélier. La marge de bénéfice pour ceux qui font l'engraissement deux mois avant l'Aïd, demeure faible, qu'on en juge : un agneau acheté à 10 000 dinars consomme durant cette période près d'un quintal d'orge ou de son et deux bottes de paille, soit 2 500 dinars sans compter la main-d'œuvre, les frais de transport et les droits du marché. Avec de la chance, il est écoulé pour un prix allant de 14 000 à 16 000 dinars, c'est dire que ça n'est pas aussi facile qu'on le pense. Selon plusieurs connaisseurs du marché, quelles que soient les augmentations des prix de l'agneau gras à l'approche de l'Aïd el-Adha, elles se situeront entre 10 et 15% au maximum par rapport aux prix actuels. Des majorations qui ne peuvent aller au-delà des 3 000 dinars par tête, alors qu'une chute est prévue, juste après l'Aïd, surtout pour la brebis. B. Nacer